La reprise de l’étude détaillée du projet de loi 15, Loi visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace (PL15), qui s’inspire du dépôt de centaines d’amendements par le ministre de la Santé, Christian Dubé, n’a pas de quoi rassurer les conseils professionnels – dont font partie les conseils multidisciplinaires du Québec.

L’examen des amendements déposés confirme l’intention du gouvernement d’évacuer en grande partie le positionnement stratégique et l’expertise des conseils multidisciplinaires au sein des établissements de Santé Québec.

Le ministre fait ainsi la sourde oreille à l’essentiel des recommandations formulées par l’Association des conseils multidisciplinaires du Québec (ACMQ) dans le mémoire déposé lors des consultations publiques du printemps dernier.

Il nous apparaît d’ores et déjà que le rôle et la consultation des techniciens et professionnels des services psychosociaux, de réadaptation et de santé physique demeurent bien malheureusement l’angle mort de cette grande réforme.

Nous sommes persuadés que le PL15 doit maintenir le positionnement stratégique des conseils professionnels comme prévu actuellement à la Loi sur les services de santé et les services sociaux. En effet, le conseil multidisciplinaire relève directement du conseil d’administration d’un établissement et il est responsable, envers celui-ci et envers le président-directeur général, de formuler des avis et recommandations, avec une portée significative. Le conseil multidisciplinaire est un moyen pour l’établissement et pour le président-directeur général de profiter d’un lien direct avec son personnel et de bénéficier de l’expertise biopsychosociale et de la perspective expérientielle des techniciens et professionnels qui sont sur le terrain, donc près des usagers.

À l’opposé, la mouture actuelle du PL15 propose que tous les conseils professionnels émettent désormais leurs avis et recommandations au conseil interdisciplinaire d’évaluation des trajectoires et de l’organisation clinique, lequel inclura médecins, infirmières et des professionnels représentant les services de santé et les services sociaux.

Nous sommes très inquiets et selon nous, pour assurer sa neutralité et son apparence de neutralité, il est impératif que le conseil professionnel qu’est le conseil multidisciplinaire puisse relever complètement du président-directeur général en tant qu’entité à part entière.

Ce conseil interdisciplinaire serait dorénavant la principale instance mandatée à faire directement des recommandations au président-directeur général d’un établissement de santé ainsi qu’à un directeur qui lui est « associé ».

Ainsi, l’ACMQ a procédé à l’envoi de suggestions d’amendements à la Commission de la santé et des services sociaux. Dans un esprit de collaboration, nous tendons la main au ministre Dubé ainsi qu’aux partis de l’opposition afin de leur prêter main-forte dans ce chantier colossal, et de contribuer à rendre le réseau de la santé et des services sociaux plus efficace et inclusif de tous ces professionnels.

L’ACMQ est bien positionnée pour contribuer au débat public sur l’avenir de ce dernier. Celle-ci représente plus de 76 000 professionnel(le)s offrant des services de réadaptation, des services psychosociaux et des soins de santé dans les établissements publics du réseau de la santé et des services sociaux. On parle de plus de 60 titres d’emploi : travailleuse sociale, psychologue, ergothérapeute, physiothérapeute, inhalothérapeute et technologues médicaux pour ne nommer que ceux-là.

Éradiquer le positionnement stratégique des conseils multidisciplinaires contribueraient à invisibiliser les professionnels en services psychosociaux, de réadaptation et de santé physique de notre réseau de la santé et des services sociaux et à faire fi de leur expertise.

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