En septembre 2024, les Américains seront en campagne électorale présidentielle. Le Congrès ainsi que la gouvernance de plusieurs États seront également en lice. À ce moment, les deux grands partis auront choisi leurs candidats respectifs à la présidence et la vice-présidence.

Cela dit, il reste beaucoup de chemin à parcourir d’ici là. Le meneur de la course républicaine, Donald Trump, et 18 de ses anciens collaborateurs ont été récemment inculpés par l’État de Géorgie pour interférence dans le processus électoral de 2020. Ces accusations ont généré une attention médiatique unique, culminant avec une première dans l’histoire américaine, soit la prise d’une photo d’identité judiciaire (le fameux mugshot) d’un ancien président.

Depuis, Trump a mis sur le marché une série de produits dérivés avec cette fameuse photo, ce qui lui a permis de recueillir plus de 7 millions de dollars en une semaine. Officiellement, ces fonds sont destinés à sa campagne présidentielle, mais ils pourraient très bien être requis pour couvrir les importants frais d’avocats rendus nécessaires pour sa défense devant les nombreuses accusations qui le visent.

La journée qui précédait la mise en arrestation de Trump, le Parti républicain a tenu son premier débat en vue de la nomination pour la présidence avec huit candidats sur scène. Sans la présence de Trump, ce forum est passé quasi inaperçu. Trump demeure donc toujours loin en tête du peloton républicain.

Entre le politique et les tribunaux

Récemment, un juge de Washington a décrété que le procès de Trump au sujet de ses actions qui ont mené à l’insurrection du 6 janvier 2021 débuterait le 4 mars 2024. Fait intéressant, c’est le lendemain que se déroulera le marathon électoral du « Super Tuesday », un rendez-vous politique d’envergure où se tiendront des primaires simultanées dans 15 États.

À chaque cycle présidentiel, ce rendez-vous est une soirée déterminante pour la course à la présidence, et ce ne sera pas différent en 2024. Sans doute peut-on prévoir que la tenue de ces primaires se fera en compétition avec le début de ce procès à Washington. Il reste à déterminer si l’un influencera l’autre.

Il faut noter qu’il y aura d’autres rendez-vous pour Donald Trump avec la justice durant l’année électorale, dont sa démarche pour acheter le silence de l’actrice Stormy Daniels et le procès concernant des documents classifiés et récupérés à sa demeure de Mar-a-Lago. Il fait aussi l’objet d’une poursuite en diffamation liée à une autre procédure judiciaire.

Bref, Trump a beau se présenter en victime de la politisation du système judiciaire par l’administration Biden, ses inculpations suivent bel et bien le processus judiciaire, et non l’humeur politique.

Bien sûr, l’ancien président bénéficie de la présomption d’innocence, mais il est également soumis à l’état de droit.

La priorité : gagner en 2024

Quoi qu’il en soit, Trump peut bien mener chez les électeurs républicains, mais ce n’est pas suffisant pour accéder à la présidence. Il faut reconnaître que depuis sa victoire à la présidentielle de 2016, Trump n’a pas remporté de grand succès auprès de l’électorat américain. Son parti a perdu le contrôle de la Chambre des représentants en 2018 ainsi que la présidence et le Sénat en 2020. Puis, lors des élections de mi-mandat de 2022, les candidats républicains que Trump a ouvertement appuyés ont subi la défaite.

Une élection à la présidence, c’est plus qu’un concours de personnalité. L’électeur s’attend à se faire présenter un programme politique, des solutions aux enjeux et une vision pour les quatre prochaines années.

Un argumentaire basé sur le passé et des récriminations concernant l’élection de 2020 ne seront donc pas suffisants pour séduire les électeurs indépendants, qui sont nombreux. En réalité, ce sont eux qui trancheront quant à l’identité du prochain président.

Le Parti républicain d’aujourd’hui est bien loin du parti d’Abraham Lincoln ou de celui de Ronald Reagan. Où se trouve le parti qui fut si déterminant sur la scène internationale et qui présentait l’Amérique comme le leader de la démocratie ?

Certes, les républicains restent favorables au conservatisme fiscal, économique et culturel, mais leur parti est rempli de tensions entre des membres de la Chambre des représentants et ceux du Sénat, et entre les trumpistes et les républicains traditionnels. Depuis quelques mois, on constate même des divisions internes concernant l’appui du parti à l’Ukraine, l’un des rares sujets qui faisaient pourtant l’unanimité dans le pays.

Le Parti républicain se dirige, dans la prochaine année, vers une croisée des chemins s’il tient à remporter l’élection présidentielle de 2024. Peut-il gagner la présidence avec un candidat inculpé dans de nombreux procès criminels ?

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