Depuis quelque temps, je me fais souvent la réflexion suivante : « Coudonc, les penseurs du transport collectif au Québec en sont-ils des utilisateurs ? » Ma première expérience du REM porterait à croire que ce sont des théoriciens qui manquent de pratique.

J’habite une ville de la Montérégie. Avec exo, nous avions un service de bus qui nous amenait au centre-ville de Montréal en 30 minutes ou moins. Je dois préciser qu’étant retraité, j’utilise le service surtout en dehors des heures de pointe.

Mardi le 16 août, j’avais affaire à Montréal. Je décide donc de tester le REM, une merveille selon de nombreux commentateurs dans les médias.

Je décide de calculer le temps que cela me prendra à partir du moment où le bus quitte le terminus de ma ville et celui où je valide mon titre de transport au métro Bonaventure.

Il y a d’abord le transfert à la station Brossard. Pas si mal : le bus arrête à la porte de la station. À partir de là, je me demande à quoi ont pensé les concepteurs. Il n’y a pas d’escalier mobile. J’imagine la congestion à l’ascenseur aux heures de pointe. Une seule borne de validation du titre de transport sur trois fonctionnait.

Le train quitte la gare et roule moins vite que les voitures sur l’autoroute 10. Le seul endroit où il dépasse les autos, c’est sur le pont Samuel-De Champlain, mais de la station Île-des-Sœurs à la gare Centrale, pas très rapide, je dirais même lent.

Arrivé à destination, gare Centrale, je cherche du regard une signalisation, une indication de direction pour le métro Bonaventure : rien. D’un coté c’est direction gare Centrale, de l’autre Place Bonaventure. Je choisis logiquement cette dernière. Nous nous engouffrons dans deux escaliers étroits. Encore là, pas d’escalier mobile. Les escaliers aboutissent dans le hall de l’ancienne salle d’exposition de la Place Bonaventure. Comme je connais l’endroit, je sais où me diriger.

À partir de là, c’est la longue marche vers l’entrée du métro. Au moins, on sera au chaud au mois de janvier. Avec le terminus d’autobus, j’arrivais au-dessus du métro, je descendais en un éclair et j’y étais.

Avec le REM, c’est donc 14 minutes de plus qu’avec le service d’autobus express jusqu’au 1000 De La Gauchetière. Et on n’était pas en heure de pointe

Au retour, je passe le tourniquet de sortie du métro et je cherche du regard un indication vers le REM. Sur le mur du petit dépanneur, il y a une feuille de papier scotchée avec une indication. Le reste est à l’avenant. Faut être attentif pour identifier les minuscules logos du REM. Dans les scouts, on appelait ça un signe de piste.

J’arrive enfin au REM après avoir parcouru quelques corridors. Finalement, je me retrouve dans un grand espace, tout neuf… pas d’indications. Un gentil sherpa m’indique la direction. Je n’ai jamais validé mon titre de transport, aucune idée où j’aurais dû le faire dans mon parcours.

Pas d’escalier mobile non plus, mais un ascenseur immobilisé « pour travaux d’entretien ». Ça vient d’ouvrir !

Arrivé au terminus Brossard, aucune indication sur le numéro de quai affecté à ma destination.

Quand on donne l’exclusivité des parcours de transports en commun au privé, on prend le risque que beaucoup de choses soient faites au détriment de l’utilisateur.

Il est certain que si exo avait pu continuer à desservir le centre-ville, j’aurais opté pour ça. Le transfert modal est avantageux quand l’utilisateur est bien servi et qu’on facilite ses déplacements. À mon avis, ce n’est actuellement pas le cas.

J’ai utilisé les transports collectifs à Paris, Tokyo, Kyoto, Hiroshima, Londres, Barcelone et bien d’autres villes : on est encore très loin du compte.

Peut-être que l’avenir me donnera tort, mais pour l’instant, je demeure sceptique.

Bref, rendez-moi mon bus !

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