Les maires et mairesses des villes du Québec évoquent souvent le manque de revenus et les difficultés à davantage financer les services offerts à la population1. Or, les récents combats législatifs et réglementaires à l’endroit d’Airbnb démontrent que les villes ont malheureusement raté une occasion d’affaires en or.

L’entreprise Airbnb, ou ses équivalents, génère des émotions négatives auprès des élus municipaux et même provinciaux. Entre autres, parce que ce type de service de location réduit la quantité offerte de logements en plus de favoriser la hausse des prix des loyers2.

PHOTO DADO RUVIC, ARCHIVES REUTERS

Application Airbnb

La vision réactive et à courte vue des politiciens est d’interdire ce genre d’activité jugée comme étant indésirable. Malheureusement, dans cette chasse aux logements offerts en location à court terme, ils dépensent de précieuses ressources financières afin de combattre ce type de service. Nos communautés méritent une meilleure gestion de ces précieux deniers publics.

Tel que précédemment mentionné, nos villes ratent une occasion d’affaires importante.

Si, comme démontré, la présence d’activités de location de logement à court terme réduit l’offre de logements offerts et augmente les prix du marché locatif en entier, c’est que cette activité est profitable pour les particuliers et les propriétaires. Ils ont donc un incitatif à opter pour ce type d’activité économique afin d’accroître le rendement sur leur investissement immobilier.

Toutefois, plutôt que de combattre cette pratique, voire l’interdire, les villes pourraient taxer une partie de cette profitabilité perçue par les propriétaires des logements. Notamment, les villes pourraient instaurer un système d’enchères et vendre des droits aux propriétaires pour offrir de la location à court terme.

Ces droits pourraient expirer selon un délai de temps donné et être remis aux enchères par la suite afin de favoriser des revenus récurrents. Ainsi, les villes s’assureraient de « contrôler » le niveau de logements offerts en location à court terme et pourraient agir promptement contre ceux qui n’auraient pas le droit de location, en plus de recueillir des revenus de la vente de ces droits de location.

De ces revenus, une part pourrait servir à favoriser l’accroissement de l’offre de logements sur le territoire d’une ville, par exemple, afin de compenser les effets négatifs de la location à court terme.

Finalement, en adoptant une approche entrepreneuriale plutôt que strictement réglementaire, les élus pourraient atteindre leur objectif de contrôler la substitution de logements vers des locations à court terme du genre Airbnb, tout en engendrant des revenus supplémentaires et récurrents. Ce faisant, nos villes pourraient transformer cet enjeu en une occasion d’améliorer la qualité de vie de nos communautés.

1. Lisez l’analyse de Louise Boisvert sur le site de Radio-Canada : « L’urgence de trouver de nouvelles sources de revenus » 2. Lisez l’article (en anglais) du Social Science Research Network : « The Sharing Economy and Housing Affordability : Evidence from Airbnb » 3. Lisez l’article (en anglais) du Journal of Economic Perspectives : « The economic implications of housing supply » Qu'en pensez-vous? Exprimez votre opinion