En 1929, se conclut à Londres l’affaire « personne ». Après s’être battues en Cour suprême du Canada qui ne reconnaissait pas les femmes comme des personnes (1928), les femmes obtiennent enfin ce statut et ainsi le droit d’être nommées au Sénat.

En 2023 au Québec, elles doivent se battre pour ne pas être effacées par le mot « personne », et le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a dû présenter une motion à l’Assemblée nationale pour que le mot « femme » ne soit pas rayé des lois et remplacé par le mot « personne », sous prétexte que celui-ci serait plus inclusif.

Consultez l’Encyclopédie canadienne sur l’« affaire “personne” »

Or, être une femme correspond à la catégorie sexe, laquelle est enchâssée dans les Chartes des droits et libertés, une catégorie qui génère un certain nombre de droits pour les femmes. Faire disparaître le mot « femme » des lois n’est donc ni anodin ni inclusif.

Cette tentative d’effacement des femmes, lors des discussions sur le projet de loi 12 sur les mères porteuses, est le fruit d’une idéologie qui est en train de pénétrer les esprits dans la population, les médias, les programmes scolaires, et même à l’Assemblée nationale, à savoir l’idéologie de l’identité de genre.

Cette idéologie remplace le mot « sexe » par le mot « genre ». Or, le « sexe » a un fondement biologique pour la reproduction de toutes les espèces de mammifères, dont l’être humain, alors que le mot « genre » fait référence à un construit social différencié, lequel varie selon les cultures et les époques.

La distinction entre le féminin et le masculin est variable et comporte un certain nombre de stéréotypes que le féminisme a déconstruits et qui reviennent en force avec l’idéologie du genre, contrairement à ce que cette dernière prétend.

Une idéologie qui entre dans les écoles et des filles qui fuient la féminité

De la maternelle au secondaire, la biologie est de plus en plus évacuée du cours d’éducation à la sexualité. Outre le fait que les adolescentes et adolescents n’auront pas les outils pour comprendre le fonctionnement de leur corps, la sexualité est enseignée comme une quête identitaire plutôt qu’une série d’expériences amoureuses.

Dès le plus jeune âge, les jeunes acquièrent tout un lexique sur les identités de genre (sexe assigné à la naissance, fluide de genre, transgenre, etc.) et on leur suggère un questionnement sur leur identité qu’ils n’auraient pas eu autrement.

En plus de l’école, dans les réseaux sociaux, les jeunes apprennent qu’ils peuvent naître dans le mauvais corps. Les données de Statistique Canada montrent une tendance sociale récente qui conduit non seulement davantage de jeunes vers une identité non binaire ou transgenre, mais que ce sont surtout les filles et femmes de moins de 35 ans qui se déclarent ainsi.

Consultez les données de Statistique Canada concernant « Les populations transgenre ou non binaire du Canada : outil de visualisation des données »

Partout en Occident, on a noté une progression fulgurante du nombre de mineurs en dysphorie de genre.

Par exemple, entre 2016 et 2017 aux États-Unis, le nombre d’interventions chirurgicales transgenres a été multiplié par quatre. En 2018, la Grande-Bretagne a noté une augmentation des cas de jeunes demandant un changement de sexe de plus de 4400 % dans les 15 dernières années.

Alors qu’auparavant, c’étaient surtout des hommes qui transitionnaient, aujourd’hui, plus de 70 % des cas sont des adolescentes.1

Réduites à des stéréotypes

Lorsque la biologie est évacuée, les femmes se trouvent réduites à un ensemble de stéréotypes. Ainsi, poussées dans leur questionnement à savoir de quel genre elles sont, des filles qui n’aiment pas mettre des robes, n’ont jamais été attirées par les poupées, préfèrent faire du sport et aiment la mécanique en viennent à croire qu’elles sont, en réalité, des garçons enfermés dans un corps féminin.

Lisez la chronique du Devoir « Le sexe de nos anges »

Ce sentiment est encore plus fort si, en plus, elles découvrent qu’elles sont attirées sexuellement par les filles. À cela s’ajoutent l’omniprésence de la pornographie et l’hypersexualisation des femmes, qui accroît la difficulté pour les filles d’affronter sereinement les transformations qui accompagnent la puberté.

La montée extraordinaire des cas de filles voulant changer de sexe est symptomatique de problèmes qui dépassent l’individu. Il est déplorable que nous en soyons venus à proposer des solutions médicales à des problèmes sociaux. C’est que, tous les indicateurs le disent, il est plus facile encore d’être homme dans notre société que femme.

Lisez la lettre d’opinion du Devoir « L’évolution des préjugés sexistes dans le monde »

Fuir la féminité devient une option intéressante qui est présentée aux jeunes filles dès leur plus jeune âge. Peut-on alors vraiment s’étonner qu’un nombre croissant de jeunes filles qui ne correspondent pas aux stéréotypes s’auto-identifient comme trans plutôt que de s’affirmer comme filles qui relèvent les défis d’aller au-delà des rôles socialement déterminés pour les femmes ?

1 Shrier, A. (2020). Irreversible Damage: The Transgender Craze Seducing Our Daughters.

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