Aujourd’hui, plusieurs évènements convergent vers une réalité qui remet en question notre compréhension d’un monde sensé et prévisible.

L’intelligence artificielle copie impunément des artistes connus sans que personne ne s’en aperçoive et permet à un étudiant novice de devenir soudain un grand érudit de la littérature. Et que dire de Donald Trump, qui revient en force en récoltant de plus en plus de sympathie chez les électeurs même s’il vient d’être accusé d’avoir mis en danger la « sécurité nationale » des États-Unis ?

La question ici est de savoir pourquoi nous avons cette propension à nous laisser berner par de fausses réalités qui pourraient être facilement contrées par une analyse critique reposant sur les faits.

La réalité virtuelle

Cette tendance à adhérer à de fausses réalités a été, en partie, favorisée par cette nouvelle ère virtuelle au tournant du XXIe siècle. Or, dans le monde virtuel, la réalité devient ce que l’on pense. Ainsi, la pensée, le désir et l’imagination deviennent la réalité pour de nombreuses personnes. Je me sens être un chat, je suis donc un chat (phénomène des « furries »).

En fait, sur le plan psychologique, le monde virtuel revêt de nombreux avantages pour les individus vivant des difficultés particulières. Les faits sont souvent redoutés puisqu’ils jouent le rôle du « rabat-joie » devant toutes les possibilités apaisantes qu’offre le monde de l’imagination.

On observe ce phénomène sur le plan clinique avec des personnes qui justifient leurs pensées anxieuses, voire déconnectées de la réalité, en disant : « Bien, voyons, ça doit être vrai ce que j’imagine, regarde dans quel état émotif cela me place ! » ou « Ma femme doit assurément me tromper, à voir la peur qui m’habite lorsqu’elle s’absente. » C’est comme si notre état interne (pensées, émotions) justifiait à lui seul la réalité. Mais pourquoi est-ce ainsi ?

L’éducation parentale

On observe que les faits sont souvent mis de côté étant donné que nous sommes de plus en plus égocentriques (exemple : ce n’est que ma perception de la réalité qui a de la valeur). Nous savons que l’égocentrisme est en partie favorisé par l’éducation des parents qui imposent peu de cadres à leur jeune enfant. Les parents d’aujourd’hui, qui ont de moins en moins d’enfants, n’osent pas imposer de règles strictes susceptibles de compromettre leur lien avec l’enfant. Toutefois, l’enfant qui se développe dans ce contexte accuse souvent des problèmes avec les cadres qu’impose la réalité lorsqu’il devient adulte.

Comme il n’a pas appris à œuvrer dans une structure où la réalité est clairement définie par les faits définis par autrui (exemple : tu vas te coucher, car tu as mal agi), l’enfant développe plus tard une grande anxiété lorsqu’il est contraint à un encadrement de la réalité. Pour lui, le virtuel devient donc apaisant.

À l’âge adulte toutefois, la pensée virtuelle constitue un certain risque de dérive, car elle affaiblit la pensée critique et prédispose à la manipulation et à l’endoctrinement. Trump s’est positionné comme le défenseur des pauvres, et c’est tout ce qui comptait aux yeux de ses électeurs. Dans les faits, il utilise tous les stratagèmes pour ne pas payer d’impôt, ce qui a un effet direct sur l’appauvrissement de ses électeurs, mais who cares ?

Il est donc important de réaliser que la réalité ne prend de véritable sens que par les faits qui la composent. Soyons vigilants, apprenons à voir la réalité et cessons d’adhérer aveuglément à des réalités alternatives qui ne servent qu’à maintenir un frein à notre développement personnel et à l’humanisation de nos structures de vie.

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