L’indépendance d’une nation n’est pas une fin en soi. L’immuabilité des pouvoirs d’un État plurinational n’en est pas une non plus. Seule l’aptitude à se définir librement, quoi qu’on dise ou quoi qu’on fasse, est une vertu qui est suffisante en elle-même.

Pour aspirer à diriger le Québec, il faut savoir incarner l’ambivalence intrinsèque des Québécois. Que l’on veuille une société distincte ou une souveraineté-association, la maîtrise du champ lexical de l’autodétermination est un passage obligé.

Dans mon ambivalence personnelle, j’ai toujours fait le choix du fédéralisme. Gérer ensemble ce qui nous rassemble et distinctement ce qui nous distingue. Le fédéralisme a toujours été à mes yeux cette forme d’humanisme qui tente de réconcilier la protection des particularismes culturels d’ici avec notre besoin d’abattre les frontières et de tendre vers l’universel.

Héritier d’une histoire coloniale, le fédéralisme canadien est cependant loin d’être parfait. Il a cette façon d’invisibiliser la réalité nationale du Québec et de centraliser toujours davantage de pouvoirs.

Il faut être vigilant et lucide pour bien défendre les intérêts du Québec au sein de la fédération canadienne.

Que ce soit en proposant un fédéralisme renouvelé, ou même simplement asymétrique, le Parti libéral du Québec (PLQ) a longtemps su répondre au seuil plancher d’affirmation de soi nécessaire pour être en mesure de diriger le Québec.

En se transformant graduellement en véhicule d’endiguement de la menace référendaire, le PLQ a perdu sa capacité à bien incarner sa québécitude. Il ne maîtrise plus les codes de l’autodétermination. Il semble également traversé par un certain courant de nationalisme canadianisant. Cela m’inquiète.

Pour faire face au gouvernement étroit, suffisant et paternaliste de la CAQ, le Québec a besoin de tout sauf d’une succursale provinciale du PLC ou d’une version édulcorée du Parti égalité.

Défendre toutes les minorités

Le Québec a besoin d’un PLQ fort et capable de rassembler. Un PLQ capable de défendre toutes les minorités, y compris notre nation comme minorité sur ce continent. Cette superposition de réalités minoritaires qui traverse le Québec fait de l’affirmation de notre langue et de notre culture un combat pour la diversité culturelle à échelle mondiale. Malheureusement, ça, le PLQ semble l’avoir perdu de vue.

Évidemment, défendre la souveraineté culturelle face aux géants du web, institutionnaliser l’interculturalisme comme modèle d’intégration, s’opposer au pouvoir fédéral de dépenser, protéger notre poids politique dans ce pays et affirmer davantage notre place à l’international ne sont pas les « vraies affaires ». Mais en bout de piste, ce sont les seules affaires qui donnent un sens à qui nous sommes comme peuple. Elles méritent au moins autant d’attention que tout le reste.

Après 15 ans d’implication à différents niveaux au PLQ, il est malheureusement temps pour moi d’aller garnir les rangs des orphelins politiques.

Je serai toujours libéral de cœur, mais, comme nationaliste, je me sens comme une minorité audible au PLQ. Je me sens malheureusement en exil dans mon propre parti. Être une minorité audible quand vient le temps de parler d’affirmation du Québec m’insupporte.

J’aurais pu m’en aller silencieusement comme ces milliers de membres et ces millions d’électeurs qui ont délaissé le PLQ. Mon respect pour ce parti et ses membres est cependant trop grand pour abandonner le navire sans tenter, pour une dernière fois, d’en influencer la direction en espérant pouvoir m’y retrouver un jour. Mon espoir demeure d’y retourner plus tôt que tard.

Je cultive secrètement l’espoir que le PLQ saura se réinventer. Qu’il saura redevenir cette grande tente où j’aurai envie de revenir. Le passage est cependant étroit. Avec une base ratatinée à un noyau dur de 15 000 membres et avec un caucus confiné à des circonscriptions où les électeurs francophones sont en moyenne minoritaires, il sera difficile de sortir de la marge dans laquelle le PLQ s’est enlisé.

Je souhaite du courage à tous ceux qui voudront faire sortir le PLQ du confort et de l’indifférence. Aux nouveaux membres, je vous souhaite nombreux. Aux aspirants chefs, je vous souhaite recentrés et en marge de notre base. Le PLQ est l’épine dorsale de notre histoire politique. Ce parti mérite de redevenir l’option politique de tous les Québécois.

D’ici là, je dis à mes confrères et consœurs militants bon courage et à la prochaine fois !

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