Une pandémie historique, des drames récents comme à Amqui, Rosemont, Laval… les évènements ayant marqué l’imaginaire et faisant parler de la santé mentale abondent.

Ils laissent des stigmates sur la perception qu’on a de celle-ci, mais ce qu’on doit en retenir, c’est surtout que les besoins de la population sont criants. Mais en fait, nous qui sommes en contact avec la souffrance tous les jours, nous le savions depuis très longtemps. À coup de dizaines de milliers de rencontres de suivi par année, en y mettant notre cœur à chacune d’entre elles, nous soutenons vers leur rétablissement les Johanne, Pierre, Mohamed, et aussi les plus jeunes qui ne sont pas épargnés, les Megan, Léa ou Samuel.

Pendant qu’on parle de restructuration, de centralisation et d’optimisation du réseau de la santé public, que les CLSC ne réussissent pas à pourvoir les postes de travailleuses sociales et que les psychologues manquent, le communautaire ne demande pas mieux que d’en faire plus. Et nous sommes prêts. Donnez-nous-en seulement les moyens !

À Montréal, par exemple, les huit membres du Regroupement des Organismes offrant du suivi alternatif communautaire offrent déjà environ 46 000 rencontres de suivi à 2500 personnes annuellement. Nous pourrions en suivre 300 de plus, juste en appelant les personnes qui patientent sur nos listes d’attente. La somme requise est très modeste. Il s’agit de 1 241 000 $. Nous avons l’expertise, la reconnaissance de nos communautés, et davantage de flexibilité que le réseau public pour réussir à embaucher rapidement de nouvelles personnes intervenantes. Et la situation s’applique à plein d’autres organismes partout à travers le Québec.

Alors, pourquoi diriger presque tous les fonds vers le réseau ? Nous faisons partie de la solution, économique et efficace de surcroît, et le gouvernement doit le reconnaître.

Les CLSC et autres institutions de la santé le savent, en nous recommandant eux-mêmes plus de la moitié des personnes que l’on soutient.

Il s’agit d’un puissant indicateur de la crédibilité que nous avons sur la qualité de nos services et notre capacité à répondre aux besoins, malgré nos ressources limitées.

En 2022, le gouvernement de la CAQ a accouché du Plan d’action en santé mentale (PASM) et du Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire (PAGAC). Ça fait beaucoup de lettres, mais aucun changement significatif pour nous : 20 000 $ chacun. Doit-on en rire ou en pleurer ? Même avec des salaires et coûts de fonctionnement beaucoup plus bas que dans le réseau, il y a des limites à notre pouvoir de faire de la magie avec un rien.

Québec est actuellement gouverné par des gens d’affaires. Sauront-ils reconnaître une bonne occasion d’investissement ?

* Cosignataires : Doratha Auger, Association Bénévole Amitié ; Mélanie Charbonneau, Projet Suivi communautaire ; Marc Lopez, Suivi communautaire Le Fil ; Marie-Josée Boisvert, Services communautaires Cyprès ; Patrick Merrigan, Perspectives communautaires en santé mentale ; Jessica Soto, Diogène ; Christopher Macfadden, Maison Les Étapes

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