Aujourd’hui plus que jamais, les Canadiens font face à des défis sans précédent pour trouver un logement abordable qui répond à leurs besoins.

Selon les plus récentes données disponibles, le taux d’inoccupation des logements locatifs au Canada était de 1,9 %, comparativement à 3,1 % il y a un an, ce qui a entraîné une augmentation de 5,4 % des loyers de 2021 à 2022.

Les conditions sur les marchés de la propriété ne sont pas meilleures – alors que les prix des maisons ont chuté de 15,4 % en moyenne au cours de la dernière année, les fortes hausses des taux hypothécaires ont effacé la plupart des gains en matière d’abordabilité pour les propriétaires, en particulier pour les acheteurs d’une première maison. Si cela continue, les problèmes de logement au Canada se détérioreront davantage, ce qui entraînera une augmentation des inégalités sociales et des problèmes socio-économiques plus vastes qui sont beaucoup plus difficiles à résoudre. Pour réussir à répondre à ces défis, les principaux intervenants doivent s’unifier et s’engager à prendre des mesures concrètes. L’histoire suggère que c’est possible.

La pandémie a transformé les défis du logement urbain en un enjeu national

La pandémie de COVID-19 a été un catalyseur de la croissance de l’économie numérique, avec des millions de Canadiens travaillant à distance à partir de la maison. Les Canadiens ont saisi l’occasion d’améliorer leurs conditions de travail et de réduire leur coût de la vie relatif en déménageant dans des collectivités traditionnellement moins coûteuses à l’extérieur des grands centres urbains. Mais cela a fait du problème du logement – auparavant principalement un phénomène de grands centres urbains – un problème à l’échelle du pays.

Parallèlement, la croissance démographique, favorisée en partie par les augmentations nécessaires de nos objectifs en matière d’immigration, a fait monter en flèche la demande de logements, déclenchant de fortes hausses de prix pour les loyers et l’accession à la propriété. Pour rétablir l’abordabilité du logement aux niveaux enregistrés au début des années 2000, la SCHL estime que le rythme de construction des logements devra s’accélérer de 3,5 millions d’unités supplémentaires d’ici 2030.

Seuls, les gouvernements ne peuvent pas résoudre les problèmes de logement

La réalité, c’est qu’aucun gouvernement ne sera jamais à lui seul en mesure de régler cette situation. Même s’ils étaient parfaitement coordonnés, les gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux et municipaux bénéficieraient d’un soutien, d’une harmonisation et d’une coordination supplémentaires avec d’autres intervenants pour relever notre défi national en matière de logement.

Nous avons besoin d’une large mobilisation de toutes les forces vives locales, régionales et nationales pour faire bouger les choses en matière de logement. Nous devons réunir tous ces groupes – l’industrie, la société civile et les gouvernements (y compris les gouvernements municipaux et autochtones) – pour participer à des états généraux canadiens sur le logement.

Sous l’ancien régime, le roi de France réunissait l’ensemble de la société (alors composée du clergé, de la noblesse et du peuple) lors d’états généraux pour le conseiller sur les questions nationales et fiscales clés. Plus récemment, en 1966, les états généraux du Canada français étaient une série de conférences qui ont réuni des milliers d’intervenants du Québec, de l’Acadie et de l’Ontario pour aider à définir l’avenir du pays. En 1995, le gouvernement du Québec a convoqué des états généraux sur l’éducation, où une commission publique a mené des consultations auprès d’intervenants de l’ensemble de la société civile afin de réfléchir et de suggérer des façons de moderniser et d’améliorer le système d’éducation du Québec. Les deux ont marqué des tournants dans l’histoire, et des états généraux canadiens sur le logement peuvent faire de même pour notre défi du logement.

Une occasion générationnelle de rendre le Canada meilleur

Un processus de mobilisation et de consultation à l’échelle locale, régionale et provinciale aboutirait à un sommet national d’une semaine où chaque participant accepterait de contribuer à des solutions concrètes à la crise du logement, s’engagerait à prendre des actions mesurables et à faire rapport à court, moyen et long terme.

Chaque intervenant en matière de logement s’engagerait également à rendre compte trimestriellement de ses progrès pour améliorer l’état du logement dans le pays. Idéalement, le convocateur de ces états généraux sur le logement serait une organisation où les intérêts sont suffisamment diffus pour éviter qu’un seul intervenant ait une concentration de pouvoir.

En matière de logement, les défis sont énormes, mais les enjeux sont encore plus élevés. Si les intervenants canadiens du secteur du logement peuvent s’unir, nous aurons une occasion générationnelle d’améliorer nos collectivités et notre pays, en veillant à ce que chaque Canadien puisse réaliser son plein potentiel, en commençant par trouver un logement. Cela nécessitera des compromis et des discussions franches, mais cela pourrait éventuellement rendre le Canada plus fort en améliorant le niveau de vie de ses citoyens.

* L’auteur a également été économiste en chef à la SCHL et a été conseiller pour l’élaboration de la Stratégie nationale sur le logement.

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