Le calendrier de réalisation du projet d’expansion du Port de Montréal à Contrecœur est en péril, car le gouvernement fédéral tarde à annoncer les nouveaux investissements nécessaires.

En raison du contexte inflationniste, le projet rencontre des coûts plus élevés que prévu, étant donné la hausse du prix des matériaux et de l’ensemble de la production. Cette situation fait craindre au partenaire privé de ne plus être en mesure d’assumer la différence de coûts.

Une injection financière additionnelle est donc d’autant plus importante puisque, sans elle, l’Administration portuaire de Montréal devra probablement recommencer le processus d’appel d’offres et, du même coup, dépasser l’échéancier de 2027 initialement prévu. À cette date, les installations portuaires actuelles arriveront à capacité.

Ottawa doit s’engager

Pourtant, le gouvernement fédéral dispose de moyens financiers pour allonger l’argent nécessaire, notamment par l’entremise du Fonds national des corridors commerciaux, doté d’une enveloppe de 4,7 milliards de dollars.

Au cours des dernières années, le corridor du Saint-Laurent et des Grands Lacs n’a pas eu l’attention nécessaire quant au financement de ses infrastructures intermodales similaires, surtout lorsqu’on les compare avec l’Initiative de la Porte et du Corridor de l’AsiePacifique (IPCAP).

Ces investissements sont plus que nécessaires pour concrétiser les projets manufacturiers annoncés, profiter des accords internationaux et décarboner le transport de marchandises grâce au corridor stratégique du Saint-Laurent.

Nous pouvons bien compter sur les procédés les plus innovants, les usines les plus performantes et les agriculteurs les plus résilients, si ces biens ne se rendent pas à destination ou ne peuvent compter sur des infrastructures de transport performantes, personne ne pourra en profiter.

Un projet attendu et nécessaire

Cela fait maintenant 30 ans que l’expansion des activités du Port de Montréal dans le secteur de Contrecœur est évoquée. Ce nouveau terminal à conteneurs aurait une capacité supplémentaire de 1,15 million d’EVP (équivalent vingt pieds) et permettrait d’améliorer la résilience des chaînes d’approvisionnement, comme l’avait justement suggéré le groupe de travail mandaté par Ottawa pour étudier la question.

En tant que deuxième port en importance au Canada, l’amélioration de la chaîne des déplacements maritimes dans l’est du pays dépend entre autres de ce projet attendu depuis longtemps.

Le gouvernement québécois a déjà injecté 130 millions de dollars, dont 75 millions dans son dernier budget, mais Ottawa tarde à débloquer l’argent. Pourtant, ces investissements sont plus que nécessaires pour consolider le statut du Port de Montréal en tant que plateforme de commerce au cœur du corridor stratégique du Saint-Laurent.

Le Grand Montréal et le Québec tout entier bénéficient d’un positionnement géographique et stratégique avantageux en Amérique du Nord en tant que porte d’entrée et de sortie des marchandises.

Le gouvernement fédéral a plusieurs fois réaffirmé son soutien au projet de Contrecœur, et nous n’avons aucune raison de douter de cet engagement. Cela dit, il est temps d’agir et d’ajuster le tir pour ne pas retarder le projet. Notre performance économique au-delà de 2027 en dépend.

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