Le stress. L’angoisse. La fierté. La crainte. L’espoir. Voilà en gros ce que je ressentais pendant que ma sœur traversait les rues de Boston lundi matin. Je devrais plutôt dire pendant que ma sœur volait au-dessus de Boston, comme si son immensément difficile parcours de marathon n’était qu’une petite marche du dimanche. Marche rapide, mettons...

Parcours reconnu pour ses côtes qui cassent les meilleurs, le marathon de Boston n’est pas légendaire pour rien. Seule la crème de la crème a le privilège d’y participer. Et parmi eux, pour la troisième fois, il y avait ma sœur. Ma sœur, qui s’entraîne sans relâche, entre ses énormes responsabilités de mère de famille monoparentale et son rôle d’avocate chevronnée. Ma sœur, qui n’hésite pas à aller courir à 5 h parce qu’il s’agit du seul moment de la journée où elle peut le faire sans nuire à la routine de ses enfants. Ma sœur qui multiplie les efforts – mais aussi les sacrifices – pour se dépasser, pour suer, pour courir, pour améliorer son temps. Ma sœur qui sort courir à -40 oC ou à +40 oC. Ma sœur qui sort s’entraîner tout autant pour se libérer du poids d’un quotidien compliqué que pour atteindre la fierté et la légèreté qui viennent avec la victoire. La victoire de l’effort. La victoire de la détermination. La victoire du travail acharné et des plaisirs sacrifiés.

Lundi, ma sœur a pulvérisé son record personnel. Mais elle a du même coup écrasé mes propres commentaires « négatifs » à son égard. Car oui, je l’admets, j’ai souvent trouvé qu’elle en faisait trop. Qu’elle s’entraînait trop. Qu’elle courait trop.

Ce que je réalise aujourd’hui, c’est que toute l’énergie que ma sœur a « trop » consacrée à son sport, moi, je l’ai investie dans... dans quoi au juste ? J’ai sûrement bu plus de litres de vin que ma sœur a parcouru de kilomètres au cours de la dernière année. C’est qui, la malsaine, dans tout ça ? La coureuse motivée ou la buveuse ennuyée ?

Ann-Ju, au-delà de mes propres batailles qui me donnent peu de repos, ce que je veux souligner aujourd’hui, c’est la beauté de ton intensité. Car, contrairement à moi, tu la canalises dans quelque chose de tellement beau et inspirant. J’espère pouvoir un jour écrire que je me suis inspirée de ma sœur pour consacrer mon énergie débordante à quelque chose qui me nourrit. Je suis tellement, tellement fière de toi.

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