Pour réduire de manière significative la dépendance à l’auto solo, la Ville de Montréal déploie plusieurs stratégies : ajout de pistes cyclables, rues fermées ou détournées, réduction de la vitesse, voies réservées, réduction des stationnements, etc. Toutes ces mesures contribuent à la congestion et à l’augmentation de la frustration chez les automobilistes qui circulent en ville.

Malgré tout, une part non négligeable de la population choisit toujours l’automobile pour ses déplacements quotidiens. Le parc automobile ne cesse de s’accroître. On observe également une transformation du parc automobile avec une augmentation marquée de VUS et de camionnettes. Plusieurs études ont par ailleurs démontré qu’à peine un déplacement sur dix à vélo a un réel impact sur la diminution de la circulation automobile. En réalité, ce transfert modal affecte davantage la marche et les transports en commun.

Parce que le développement des villes et la planification des systèmes de transport relèvent principalement des ingénieurs et des urbanistes, on considère les enjeux de sécurité surtout en termes d’aménagements et de signalisation. Mais les enjeux de sécurité routière sont aussi une question de comportement humain. Dans cette perspective, prendre en considération les facteurs psychologiques s’avère nécessaire pour comprendre les déterminants des comportements sur la route et assurer la sécurité des plus vulnérables.

Aussi, la Ville doit prendre en compte non seulement les exigences environnementales et les besoins des cyclistes, mais aussi les exigences sociales et économiques.

Pour les personnes âgées, le besoin de se déplacer en voiture est lié à des conditions de santé et à leurs capacités à se déplacer. Considérant l’augmentation de ce segment de la population dans les prochaines années, il est impérieux d’en tenir compte.

De même, Montréal, métropole économique du Québec, doit assurer la fluidité du transport des marchandises, facteur important pour les citoyens et les commerçants qui doivent en assumer les coûts supplémentaires (insécurité économique). Plusieurs citoyens reprochent à la Ville son manque de vision globale, ses décisions prises à la pièce et sans vue d’ensemble. Aux yeux de la population, la Ville n’a, jusqu’ici, que peu prêté l’oreille aux parents, aux personnes âgées, aux handicapés, aux commerçants, trop préoccupée de donner satisfaction aux lobbys puissants des cyclistes.

Dans une ville où la possession d’une automobile est vue comme une calamité et où les images associées aux modes de transport et les valeurs dominantes sont axées sur la mobilité active et l’environnement, difficile pour les automobilistes d’avoir voix au chapitre. Aussi, c’est bien souvent par leurs comportements délinquants qu’ils manifestent leur opposition : des automobilistes qui ne s’immobilisent plus aux arrêts, qui grillent allègrement les feux rouges, des véhicules qui empruntent les rues résidentielles à 60 km/h pour éviter les grandes artères ou qui circulent en sens inverse dans une rue à sens unique ; des conducteurs qui ne respectent plus les interdictions de tourner à gauche ; des camions de livraison ou de déménagement qui se stationnent dans les espaces réservés aux autobus, sur les pistes cyclables ou sur les trottoirs et j’en passe. Tout cela témoigne tantôt de la confusion, du stress, de la frustration, tantôt de la délinquance, voire de la violence au volant.

Pour améliorer la situation, l’administration municipale n’a pas le choix de prendre en considération tous ces éléments qui ont un réel impact sur les comportements des usagers de la route. Il lui faut agir sur ces facteurs psychologiques et sociaux en vue de favoriser une cohabitation harmonieuse. Mais pour cela, tous doivent sentir que la ville leur appartient, y compris les automobilistes.

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