À la suite des élections de mi-mandat de novembre dernier, et malgré la controverse récente concernant des documents confidentiels trouvés à sa demeure personnelle, le président des États-Unis, Joe Biden, a démontré lors de son discours à la nation (« State of the Union ») tenu le 7 février qu’il est déjà en campagne pour la présidence en 2024. La décision n’est pas officielle, mais sa performance et ses propos indiquent que ce n’est qu’une question de temps.

Certes, son bilan relativement à la création d’emplois et le plus bas taux de chômage (3,49 %) en 50 ans lui donnent un certain élan. Malgré le haut taux d’inflation, celui-ci est en baisse depuis les six derniers mois et les nouvelles économiques sont meilleures qu’en 2022. En combinant cela à certains accomplissements législatifs au Congrès, notamment des initiatives bipartisanes en infrastructures et au sujet de la fabrication de puces électroniques, Biden et ses troupes semblent enthousiastes pour la prochaine course.

Lors de son discours, Biden a défini les défis et les enjeux qui seront au centre du débat politique en 2024. Il est revenu sur le thème de la démocratie face à l’autocratie, sur la lutte pour contrer les effets de l’annulation de Roe c. Wade concernant l’accès à l’avortement, sur l’importance du débat sur le plafonnement de la dette et sur la nécessité d’une réforme du système policier. La présence de la mère du regretté Tyre Nichols au Congrès n’a pas nui au message du président.

La guerre en Ukraine et le récent épisode concernant l’incursion d’un ballon en provenance de la Chine au-dessus de l’espace aérien américain furent présentés comme preuves de son leadership sur le plan international.

Dans leur réplique présentée par la gouverneure de l’Arkansas et ancienne porte-parole de Donald Trump, Sarah Huckabee Sanders, les républicains ont dépeint l’administration Biden comme incompétente à plusieurs égards. Qu’il s’agisse de la gestion de l’économie, de l’endettement de l’État, de la gestion de l’immigration et de la frontière avec le Mexique, de la hausse de la criminalité et de l’exercice du leadership américain sur le plan mondial, les républicains sont sans équivoque quant à leur évaluation de la performance du président.

L’humeur politique

Ainsi, deux visions et deux bilans différents se présentent devant les Américains à moins de deux ans du prochain scrutin présidentiel. Le fait que certains républicains aient chahuté le président à plusieurs reprises durant son discours fait la démonstration de la profondeur de la polarisation au Congrès.

Le président de la Chambre, le républicain Kevin McCarthy, aurait probablement souhaité une réaction plus discrète de certains membres de son caucus. Son inconfort était parfois palpable. Cela démontre les tensions chez le Parti républicain et l’emprise qu’ont les trumpistes sur la gouvernance du parti. Biden s’est d’ailleurs bien amusé à semer la discorde chez les républicains avec ses propos sur les coupes potentielles en matière de santé et de sécurité sociale.

Un sondage d’ABC News/Washington Post paru le 5 février présente un portrait politique d’un pays plutôt mécontent de sa gouvernance et de la situation économique.

Malgré les discours de mardi dernier, une majorité d’Américains sont généralement insatisfaits de la performance du président Biden (53 %) et seulement 31 % des électeurs dans le sondage souhaitent qu’il se présente à nouveau.

Chez les républicains, Donald Trump conserve son avance, mais celle-ci semble fragile en fonction des adversaires qui pourront se pointer. Le nom du gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, émerge sans aucun doute comme la principale menace pour Trump.

De plus, la plupart des sondages indiquent que le peuple américain ne souhaite pas une reprise Biden-Trump en 2024. Le désir pour un changement est de plus en plus à l’ordre du jour. On pourrait donc avoir des surprises au cours des prochains mois concernant les deux formations politiques.

Les perspectives pour 2024

Dans son ensemble, le président a livré un discours optimiste, en partie pédagogique, et a fait appel aux électeurs pour l’aider à terminer son travail. Son énergie et ses échanges avec des opposants républicains durant le discours n’ont pas nui.

Si on en juge par l’unité du Parti démocrate au Congrès et chez les militants sur le terrain, en plus de l’enthousiasme pour les réussites de Biden, il est juste de prévoir que le président ne sera pas contesté s’il décide de se représenter en 2024.

L’arrivée éventuelle de l’ancienne gouverneure de la Caroline du Sud et ancienne ambassadrice à l’ONU sous Trump, Nikki Haley, indique qu’une lutte aura lieu pour la nomination républicaine.

Le populaire gouverneur du New Hampshire, Chris Sununu, est un autre nom qui circule avec ceux de l’ancien vice-président Mike Pence et de l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo. Bref, une lutte se dessine et on peut déjà s’attendre à ce que les problèmes judiciaires de Donald Trump fassent partie de la donne.

En résumé, si on peut tirer une conclusion de ce discours à la nation, c’est que la campagne présidentielle de 2024 est déjà en marche.

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