En 2022, l’économie québécoise est sortie du ralentissement causé par la pandémie et a performé à son plein potentiel.

Dans un tel contexte, les données les plus récentes montrent qu’en excluant les nouvelles initiatives de l’automne et avant la prise en compte de la provision pour risque économique, le budget du Québec aurait été équilibré au sens de la Loi sur l’équilibre budgétaire sur l’ensemble de la période 2022-2023 à 2026-2027.

Toutefois, en tenant compte des nouvelles initiatives de l’automne, il y a un déficit budgétaire qui se résorberait progressivement. Le ministre des Finances signale toujours son intention d’atteindre l’équilibre en 2027-2028.

2022 aura été une année marquée par d’importantes mesures ponctuelles pour pallier la hausse du coût de la vie.

Même si on voyait poindre l’inflation dans la 2e moitié de 2021, peu d’experts prévoyaient qu’elle serait si prononcée et persisterait aussi longtemps.

Le Québec a été la première province à annoncer un soutien financier pour faire face à la hausse du coût de la vie. Dès l’automne 2021, le gouvernement a annoncé une mesure à cet effet dont le versement a été effectué en janvier 2022. Cette mesure exceptionnelle ciblait les bénéficiaires du crédit d’impôt pour la solidarité. Un deuxième montant ponctuel a suivi, plus généreux, annoncé dans le budget de mars. Cette fois, chaque Québécois âgé de 18 ans et plus gagnant moins que 100 000 $ a reçu un montant de 500 $. Puis, lors de l’élection générale, un troisième montant a été promis, toujours destiné aux adultes gagnant moins de 100 000 $. Le montant versé a varié entre 600 $ et 400 $ selon que le revenu individuel était inférieur ou supérieur à 50 000 $. Le coût total de ces trois initiatives pour pallier la hausse du coût de la vie atteint près de 7,5 milliards de dollars.

Le fédéral n’est pas en reste, il a aussi offert à l’automne 2022 des prestations ponctuelles pour tenir compte de la hausse du coût de la vie, dont la principale forme a été le doublement du crédit de TPS pendant six mois.

Au cumul, certains ménages québécois ont pu recevoir plus de 2850 $ en soutien financier en 2022.

Bien sûr, d’autres provinces ont également offert un soutien, mais c’est au Québec que l’importance relative de ce soutien apparaît vraiment la plus importante, en proportion de la taille de l’économie. Lorsqu’on ajoute à ces versements en 2022 certaines dépenses permanentes, dont la mise en œuvre a été justifiée par la hausse du coût de la vie, comme le soutien des aînés au Québec ou encore des annonces faites en 2022, mais dont les effets financiers se feront sentir en 2023, comme le plafonnement de l’indexation des tarifs gouvernementaux à 3 %, on constate l’importance de l’intervention de l’État. La figure permet de constater que le soutien offert au Québec atteint 1,7 %, lorsque calculé en proportion du PIB de 2022, soit plus de 3,3 fois l’intervention moyenne dans les autres provinces.

Certains pourraient vouloir expliquer la présence d’un fort soutien financier par le calendrier électoral au Québec, mais si cela peut apparaître comme une condition favorable, elle ne peut être une condition suffisante, sachant que l’Ontario a aussi été en campagne électorale en 2022.

Plusieurs ont critiqué les mesures ponctuelles, soulignant qu’elles couvraient un trop grand nombre de ménages et que cet apport d’argent se trouvait à stimuler la consommation et l’économie au moment où la Banque du Canada cherche à faire l’inverse. En effet, elle a haussé son taux directeur pour une septième fois consécutive en décembre 2022 afin de combattre l’inflation. Si on ne remet pas en cause le fait qu’il fallait faire quelque chose pour combattre les effets de l’inflation sur certains ménages, il serait toutefois préférable, à l’avenir, de se limiter à des actions ciblant précisément les bas revenus.

Le régime d’imposition réagit à l’inflation afin de s’assurer que les contribuables ne sont pas pénalisés simplement parce que leur revenu évolue au même rythme que l’inflation. À ce titre, les paramètres des régimes d’imposition fédéral et du Québec et les prestations sont indexés afin que les transferts, les crédits et les impôts reflètent la prise en compte de l’inflation.

Ce mécanisme annuel est annoncé à l’automne pour l’année débutant au 1er janvier suivant et il est établi sur l’inflation annuelle se terminant au 30 septembre de l’année précédente. Il peut donc y avoir un décalage entre l’inflation ressentie et l’indexation dans les années de forte variation de l’inflation, comme ce fut le cas en 2022. Toutefois, il convient de signaler que, sur une longue période, il y a de facto un rééquilibrage. Dans ce contexte, si les mesures ponctuelles pour le coût de la vie avaient leur place en 2022, grâce au mécanisme d’indexation, elles ne sont plus pertinentes en 2023.

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