L’auteur s’adresse au ministre de la Santé, Christian Dubé.

Vous vous attendez sans doute à ce que les soins de santé soient offerts en français pour vous et vos proches partout au Québec ?

Désolé de vous l’apprendre : ce n’est hélas pas toujours possible.

En tout cas, pas dans l’ouest de Montréal.

Mon père âgé, qui souffre depuis plusieurs années d’une maladie dégénérative, voit aujourd’hui son autonomie lourdement hypothéquée.

Aussi, au fil de diverses infections et chutes, il a dû être hospitalisé la plupart du temps au cours des six derniers mois.

Puisqu’il réside sur le territoire du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, les ambulanciers l’ont tantôt transporté à l’hôpital de LaSalle, tantôt à l’Hôpital général du Lakeshore.

Or, l’offre de soins en français (infirmières, préposés), qui n’était pas toujours au rendez-vous à LaSalle, s’est avérée à peu près inexistante au Lakeshore.

Il faut savoir qu’en plus du français, mon père a parlé couramment l’anglais et l’italien tout au long de sa vie active. Cependant, compte tenu de son état cognitif actuel, il n’est plus toujours aisé d’interagir avec lui, même dans sa langue maternelle.

Alors, comment pourrait-il revendiquer lui-même des soins dans sa langue ? Et comment, d’autre part, peut-on prétendre être à l’écoute de ses besoins et lui transmettre les bonnes consignes considérant son état ? Bref, comment le soigner adéquatement dans un contexte où le personnel de son unité de soins ne parle pas français ?

Heureusement, ma sœur et moi sommes bilingues, car l’anglais est bien sûr de rigueur pour interagir avec le personnel soignant lorsqu’il s’agit de prendre des nouvelles de notre père. Nous avons bien essayé en français, croyez-moi.

Pénurie de main-d’œuvre, me direz-vous ?

En sommes-nous vraiment rendus là ?

L’exception rare, pensez-vous peut-être ?

Pas du tout.

La situation que je rapporte ici est hélas des plus banales et elle est vécue quotidiennement par des dizaines de personnes malades et souvent vulnérables.

Récemment, mon père s’est retrouvé pendant trois jours avec un voisin de chambre francophone. Étonné, ce monsieur se disait alors choyé d’être, pour la première fois depuis son admission, en présence de quelqu’un qui parle sa langue.

Oui, l’impression est bien celle d’être malade à l’étranger.

Je ne cherche pas ici à m’insurger par principe devant un intempestif « Bonjour ! Hi ! »

Ni à revendiquer le droit de m’acheter un jeans ou un thé aux perles dans la langue de Tremblay.

Il est simplement ici question d’aspirer à être soigné dans la dignité.

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