Mon petit-fils de 8 ans aime bien les bandes dessinées historiques. Je lui ai déjà acheté celles de Napoléon, d’Alexandre le Grand et autres personnages dont il ne m’est pas toujours apparu qu’ils étaient des modèles de comportement, mais allez savoir. S’il veut se faire une idée par lui-même, il faut qu’il les connaisse.

Devant son quatre-heures en ma compagnie la semaine dernière, il me confiait que son idée était faite et qu’il ne croyait pas en Dieu. Vaste affirmation ! Je l’envie de tant de certitude.

Tant pis pour lui, j’ai décidé pour Noël de lui acheter une BD sur la vie de Jésus, question qu’il sache à tout le moins l’origine de la fête qu’il attend avec fébrilité. Je me suis donc dirigé vers mon Renaud-Bray préféré et ai demandé à la jeune préposée à la littérature jeunesse si elle avait l’objet désiré. Elle m’a regardé complètement interloquée. « Oui, oui, vous savez, une histoire de la Nativité ou une biographie contemporaine de Jésus. » Comme elle semblait visiblement médusée, je lui ai demandé : « Vous connaissez bien Jésus ? » J’ai senti que je touchais une corde sensible et que la réponse n’était pas claire.

Elle m’a dirigé vers l’îlot spiritualité où j’ai découvert avec ravissement Tout sur le tarot, La bible des minéraux et La vie expliquée par les cartes. On ne s’était pas compris.

Ma femme est guide bénévole au Musée des beaux-arts de Montréal et elle guidait récemment un groupe d’élèves de 5e secondaire à qui elle présentait une Descente de la Croix. Un élève lui demande à brûle-pourpoint de lui expliquer qui étaient les personnages qu’il ne connaissait visiblement pas.

Je sens confusément que nous sommes en train de perdre certains repères. Je ne parle ni de foi ni de croyances religieuses, mais de connaissances universelles fondatrices de l’Occident au cours des deux derniers millénaires.

J’entendais un chef de parti déclarer récemment qu’il n’avait pas assisté à la messe du pape François de passage à Montréal car il n’était pas catholique. Je lui souhaite bon vent lorsqu’il sera appelé à assister à une commémoration importante à la synagogue ou à la mosquée de sa circonscription. À moins qu’il ne se convertisse d’ici là à l’une ou l’autre religion.

Dépité, je me suis rendu aux Éditions Paulines, rue Masson, où une préposée du même âge que sa collègue de Renaud-Bray s’est empressée de me commenter tous les livres sur le sujet selon l’âge de l’enfant et les souhaits du papi. Il y avait au moins une trentaine de titres uniquement pour enfants.

Je crains que nous soyons en train de jeter le bébé avec l’eau du bain. Je veux bien que le Québec ait connu depuis les 50 dernières années une désaffection de la pratique religieuse, mais est-il normal que des personnes de moins de 50 ans n’aient aucune idée de leur héritage historique. Une étudiante en histoire de l’art, à l’aube de ses études, demandait à son professeur à l’université ce qu’il recommandait comme lecture. « Indéniablement la Bible, répondit-il. Lecture essentielle si vous voulez comprendre l’histoire de la peinture. » Que nous le voulions ou non, nous sommes le produit d’une civilisation qu’il faut connaître avant de porter un regard critique sur celle-ci.

J’ai hâte de voir la tête de mon petit-fils lorsqu’il ouvrira Jésus en BD chez Bayard Jeunesse. On va le lire ensemble. Athée, ça ne me regarde pas, mais ignorant jamais !

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