Plusieurs groupes environnementaux et observateurs ont applaudi le résultat de la COP15, la Conférence des Nations unies sur la biodiversité, qui s’est close lundi à Montréal. Bien que des avancées notables aient été réalisées, dont la cible de protection de 30 % des terres et des océans et la mobilisation de 200 milliards de dollars américains d’ici 2030, les représentants présents ont malheureusement choisi de balayer sous le tapis la principale cause de perte de biodiversité terrestre : la consommation de viande et d’autres produits d’origine animale.

Dans son dernier rapport d’évaluation mondiale, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, soulignait qu’entre 2007 et 2012, 290 000 km⁠2 de terres ont été défrichés pour l’agriculture principalement pour nourrir le bétail, soit une augmentation de 29 % par rapport aux années précédentes. Une tendance qui a continué de s’accentuer de manière tragique.

Pour renverser cette tendance et freiner la perte de biodiversité, l’IPBES recommande dans son rapport que les gouvernements favorisent une transition vers des régimes alimentaires comportant moins de produits animaux et plus d’aliments d’origine végétale.

Une version précédente du cadre mondial Kunming-Montréal prévoyait, à la cible 16, un objectif appuyé par l’Union européenne, le Danemark et la Suisse de « réduire de moitié l’empreinte mondiale des régimes alimentaires », faisant écho au consensus scientifique. Sur la question de la consommation responsable, l’Union européenne montre la voie, ayant adopté plus tôt en décembre une norme bannissant l’importation d’aliments issus de la déforestation, incluant le bétail, l’huile de palme et le café.

Or, le Canada a depuis le début de la COP15 maintenu son opposition à cette proposition, ayant finalement eu le dernier mot : le texte final de l’accord ne fait plus mention de l’alimentation, la cible 16 visant maintenant seulement la « surconsommation » et le « gaspillage alimentaire » au sens large.

La Ville de Montréal avait pourtant fait un geste fort en mai dernier en adhérant à la Déclaration internationale Good Food Cities, par laquelle elle s’est engagée à promouvoir une alimentation à base de plantes. Ne voir aucune mention des régimes alimentaires ni dans l’Appel de Montréal lancé par la Ville en marge de la COP15, ni dans le texte final d’une conférence tenue à Montréal, démontre que bien du chemin reste à faire avant que la promotion d’une alimentation durable dépasse les cercles scientifiques et prenne réellement racine dans la sphère politique.

La COP15 est l’exemple le plus récent de la frilosité de nos politiciens à favoriser des changements de comportements qui, bien qu’exigeants, restent absolument nécessaires pour freiner la déforestation et autres empiètements sur les écosystèmes. À l’aube d’une possible sixième extinction de masse à laquelle contribuent substantiellement nos habitudes alimentaires, il n’y a tout simplement aucune bonne raison de ne pas agir sur notre consommation de viande.

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