Dans les derniers jours, nous avons tous été touchés, voire choqués, par la mort d’une fillette à la suite d’une collision avec un automobiliste au volant d’un véhicule utilitaire sport.

Malheureusement, cette collision dramatique s’ajoute à un bilan noir pour les piétons et à l’insécurité routière dans nos milieux de vie. Malgré les efforts de sécurisation des abords des écoles, lieux centraux de la vie d’un quartier, force est de constater la limite de ces interventions.

Les abords des écoles subissent les conséquences de tendances lourdes au Québec. Le nombre et la taille des véhicules sont en hausse constante, tandis que le nombre de déplacements piétons à l’échelle d’une génération est en baisse.

La vitesse élevée des automobilistes dans les milieux de vie s’ajoute au non-respect maintes fois observé de la signalisation et de la limite de vitesse aux abords des écoles.

Les solutions à l’insécurité routière sont connues. Les interventions municipales sont souhaitables et de nombreuses villes québécoises de toutes tailles augmentent le rythme de leurs aménagements en faveur de la sécurité des piétons. Mais c’est long, et souvent ardu, lorsqu’il s’agit d’investir dans le « dur » et les infrastructures. Pendant ce temps, les piétons de tous âges continuent de se déplacer dans des environnements accidentogènes.

Par crainte, de nombreux parents privilégient la voiture pour conduire leurs enfants à l’école, contribuant contre leur gré à la spirale de l’insécurité routière. Mais qui le leur reprocherait quand de tels drames surviennent ?

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La rue Bernard à Outremont à l'été 2021

Solutions draconiennes

Des solutions plus draconiennes doivent se multiplier aux abords des écoles. Aux solutions à long terme doivent s’ajouter des réponses flexibles et rapides, à mettre en place dès maintenant. La combinaison d’une stratégie d’expérimentation, de type urbanisme tactique, et d’initiatives telles que les pédibus, les rues-écoles, la révision des débarcadères, doit être accélérée. À Paris, ce sont près de 170 rues-école qui sont en cours d’implantation ; à Montréal, quelques initiatives ont été expérimentées avec des résultats probants.

Plus encore, prenons exemple sur les artères commerciales d’ici lors de la crise sanitaire de santé publique, où des aménagements rapides transitoires ont permis une transformation du rapport avec la rue et les déplacements dans les milieux de vie.

Ces aménagements ont comme dénominateur commun de repartager l’espace public pour tous les usagers. Agrandir l’espace destiné aux terrasses, installer du mobilier urbain pour des activités sociales et culturelles, verdir les espaces de stationnement, ajouter des infrastructures favorisant le vélo, peindre des œuvres ou faire du marquage au sol contribuent à réduire la vitesse et le nombre de véhicules et à faire de la rue un véritable milieu de vie plutôt qu’un chemin de transit. Ces aménagements ont également permis de tracer la voie vers des interventions à long terme pour sécuriser la ville.

Les trois dernières années ont démontré la capacité d’offrir une réponse rapide à des enjeux de santé publique sur le domaine public, et les solutions sécuritaires à long terme sont connues. Qu’attendons-nous ? Il est temps de changer les règles du jeu sur la route en faveur des piétons de tous âges, dont les enfants.

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