La Direction générale de l’indemnisation des victimes d’actes criminels, mieux connue sous l’acronyme IVAC, doit se moderniser. Les retards dans le traitement de nombreux dossiers, la lourdeur bureaucratique et l’attente perpétuelle sont le lot de plusieurs personnes frayant avec l’organisme censé les soutenir.

L’IVAC offre divers services aux victimes d’actes criminels, notamment le remboursement de frais liés à des services de psychothérapie, et ce, jusqu’à concurrence de 94 $ par séance.

Considérant les honoraires des psychologues qui travaillent en pratique privée, il serait juste de penser qu’il s’agit là d’une chance dans la malchance. Encore faut-il que la demande d’indemnisation soit traitée et acceptée. Encore faut-il trouver quelqu’un acceptant de faire des mandats IVAC pour que la magie opère, c’est-à-dire afin que la victime n’ait que la somme excédant les 94 $ à payer, ce qui est loin d’être le cas de la majorité des professionnels.

Si la ou le psychologue trouvé n’effectue pas ce type de mandat, c’est à la victime de payer les honoraires en totalité et de faire une demande de remboursement auprès de l’IVAC par la suite. C’est là que le plaisir commence.

Appels interminables, dédales administratifs, formulaires et annexes sortis tout droit d’une autre époque à faire imprimer, à remplir et à signer manuellement, et à transmettre par la poste ou par télécopieur. Sinon, possibilité de prendre ledit document rempli en photo ou de le numériser, et le transmettre par internet.

Délai pour obtenir un remboursement ? Vingt jours ouvrables. Si tout va bien. Aussi bien dire un mois. On serait en droit de s’attendre à ce que la personne responsable de notre dossier nous appelle dans le cas où des pièces justificatives ou une signature manquantes ralentirait le processus. Que nenni. C’est à la victime de contacter l’IVAC à nouveau si elle n’a pas reçu son chèque 20 jours après avoir transmis sa demande de remboursement de frais. Dans l’intervalle, rien à faire, sinon continuer à payer de sa poche.

Diminution de revenu, augmentation des dépenses

Les actes criminels commis à l’encontre des victimes ne sont pas sans conséquence sur ces dernières. Certaines vivent avec un choc post-traumatique et ne peuvent plus travailler. Malgré l’assurance invalidité, quand elles en ont une, elles sont contraintes d’accuser une diminution de salaire tout en subissant une augmentation de leurs dépenses si elles doivent avancer les fonds nécessaires pour entamer une thérapie. Cela est sans compter leurs enfants qui doivent parfois, eux aussi, passer par là.

Soyons prudents. Supposons que la personne trouvée demande 115 $ de l’heure et que la fréquence des rencontres se chiffre à une fois par semaine. C’est donc près de 500 $ que la victime doit avancer pour elle seule avant même d’avoir reçu son premier chèque. Si tout va bien.

Nombre de compagnies d’assurance ont mis en place depuis longtemps des plateformes conviviales et faciles d’utilisation. Les remboursements d’honoraires des professionnels s’effectuent généralement en quelques jours, parfois même en 24 heures.

Serait-ce trop demander que de simplifier l’accès aux soins en santé mentale pour des personnes épuisées et qui croulent déjà souvent sous le poids de l’appareil judiciaire et des traumatismes ?

Il n’y a qu’à lire la panoplie de commentaires écrits en ligne à propos de l’IVAC : aucun retour d’appel, perte de documents, complexité des procédures, difficultés techniques, erreurs administratives… Et que dire des informations contradictoires que l’on reçoit, selon que l’on parle à un agent ou à un autre, à un organisme ou à un autre ?

Petite anecdote personnelle : l’an dernier, le CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) m’a assuré que les frais liés à l’utilisation d’un système d’alarme faisaient partie des dépenses admissibles pouvant être remboursées par l’IVAC. Il suffisait de faire plusieurs soumissions afin de trouver l’entreprise offrant le meilleur rapport qualité-prix, ce que j’ai fait. Je me suis engagée pour une période de cinq ans, puisque c’était ce qui était le plus avantageux. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre — une fois le contrat signé – que l’IVAC ne remboursait pas ce type de dépense… À qui la faute ? Aucune idée. En revanche, ce que je sais, c’est que c’est encore à moi de payer pour espérer reprendre le contrôle de ma vie.

Les victimes méritent mieux que ce que l’IVAC leur propose actuellement. Cela doit changer.

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