En fait, je te hais parce que je déteste ce que tu es devenue : violente et dangereuse. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire une ville où des adolescents tuent d’autres adolescents. Et cette situation n’est pas « inquiétante », comme moult fois entendu, elle est terrifiante.

Les coups de fusil et de couteau qui assassinent depuis des mois font de toi une roulette russe géante, impossible à désactiver. Quand mon fils de 16 ans part chiller avec ses amis dans tes parcs, c’est la peur : et si c’était à son tour de se prendre une balle perdue ? D’être la cible d’un scoring ? Parce qu’après tout, pourquoi mon fils aurait un plus grand privilège que Thomas Trudel, qu’il a connu à l’école primaire, et qu’Amir Benayad, qui fréquentait la même école secondaire ?

Je ne suis plus capable. Crissement pus capable. Et quand j’entends qu’il faut augmenter le sentiment de sécurité de la population, j’explose.

Comme si la violence armée objective et réelle qui sévit dans tes rues avait à voir avec une perception subjective de tout un chacun. Comme si le sentiment de sécurité était LA cause.

Aujourd’hui, ma peur et ma colère n’ont d’égal que le désamour que j’ai pour toi. Je déménage pour de bon. Je pars vers une autre ville, mais pas en sauvage. Je te laisse un conseil : écoute. Écoute les gens qui connaissent les jeunes qui ont les guns. Écoute les travailleurs de rue et intervenants communautaires qui décrient depuis des années leur sous-financement. Ils sont au centre de ton rétablissement.

Penses-y : disséminer plus de policiers sur ton territoire empêchera peut-être le passage à l’acte d’un tireur aujourd’hui, mais pas sa motivation d’appuyer sur la gâchette le lendemain ou le surlendemain.

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