Il y a à peine quelques mois, lorsque votre enfant était malade, vous pouviez téléphoner au 514 890-6111. La personne au bout du fil vous donnait un rendez-vous avec un médecin ou un pédiatre à proximité de votre domicile dans un délai de 24 à 48 heures. Rapidement, les parents obtenaient un diagnostic et une ordonnance.

Un miracle ? Non, simplement un programme en santé qui fonctionnait bien : simple, rapide, efficace.

Ce programme, « Un appel, un rendez-vous », a été mis en place durant la pandémie pour désengorger les urgences pédiatriques. Il s’adressait aux parents d’enfants âgés de 0 à 16 ans de la région de Montréal souhaitant voir un médecin pour une urgence mineure.

Nous sommes nombreux à l’avoir utilisé : pas moins de 45 000 rendez-vous ont ainsi été pris entre septembre 2021 et mars 2022.

Ce programme s’est terminé le 31 mars dernier sans faire de bruit. Les parents l’ont appris à la dure ; certains directement de la bouche du répartiteur leur annonçant que le service prendrait fin dans les prochains jours, ou encore en se butant à un message préenregistré évoquant la fin de ce programme le 31 mars 2022 et invitant les parents à communiquer avec leur médecin de famille ou leur clinique médicale.

Comme un luxe qu’on avait offert aux parents et aux hôpitaux à bout de souffle.

Un besoin criant

Dur retour à la réalité depuis le 1er avril. Votre bébé de 10 mois fait de la fièvre depuis quelques jours et refuse maintenant de s’alimenter ? Choisissez votre option :

  • Tenter sa chance sur le site Rendez-vous santé Québec pour obtenir un rendez-vous. Personnellement, ça n’a jamais fonctionné quand j’en avais besoin. Même en payant un extra de 25 $ pour être informée en temps réel des nouvelles disponibilités avec le service Bonjour-santé ;
  • Faire la file devant une clinique sans rendez-vous à 7 h du matin pour espérer avoir un rendez-vous dans la journée ;
  • Passer des heures en attente au téléphone avec un bébé malade dans les bras pour obtenir le dernier créneau horaire de votre médecin de famille (cinq jours plus tard). Et ce, si vous avez même la chance d’avoir un médecin de famille ;
  • Mettre le réveil à minuit moins cinq pour être le premier à cliquer sur le sans-rendez du lendemain de la clinique externe de pédiatrie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ;
  • Se rendre à l’urgence de Sainte-Justine et prendre votre mal en patience avec votre enfant malade sur les genoux.

Si votre enfant tombe malade un vendredi ou un samedi, oubliez les quatre premières options !

Messieurs Legault et Dubé, ce programme n’est pas un luxe, c’est un besoin. En fait, c’est un pansement pour pallier un problème bien plus profond.

D’ici aux grands travaux sur le réseau de la santé et un accès pour tous à un médecin de famille offrant des rendez-vous de dernière minute, pas seulement des suivis annuels, nous vous demandons de rétablir le programme « Un appel, un rendez-vous » au plus vite, pour le bien-être et la santé physique et mentale des familles.

* Cosignataires : Eric Pilote, papa de Félix, 15 mois ; Marie Jorgeault et Guillaume Collard, parents d’Elisabeth, 22 mois ; Noémie Robin et Ricardo Flores Mejia, parents de Raphaël, 17 mois ; Joanie Péloquin-Dumoulin, maman de Sasha, 4 ans, et de Louis, 15 mois)

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