À la suite de la victoire à l’arrachée de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans l’élection partielle de Marie-Victorin, ainsi que des derniers sondages présageant un raz de marée caquiste aux prochaines élections générales d’octobre 2022, de nombreuses inquiétudes se sont publiquement manifestées à l’égard de l’état de santé de notre démocratie, pervertie par un système électoral profondément injuste.

En effet, si la tendance se maintient, nous allons une fois de plus assister cet automne à l’imposition d’une majorité écrasante, phénomène qui se manifeste lorsque la distorsion électorale qu’implique notre mode de scrutin actuel génère une telle surreprésentation du vainqueur que l’opposition se trouve pratiquement évacuée de l’Assemblée nationale.

Notre mode de scrutin en vigueur depuis 1792 est caduc. Il transforme notre démocratie en « faux-semblant » comme l’écrivait René Lévesque. Et au prochain scrutin d’octobre, nous risquons d’écrire un nouveau chapitre de cette dérive démocratique. Il y a donc fort à parier, comme le soulignait très justement Alexandre Sirois dans La Presse du 28 avril, que la réforme du mode de scrutin continuera de hanter le prochain gouvernement.

Lisez l’éditorial « Deux enterrements prématurés »

Ce cri du cœur face au détournement annoncée de la volonté populaire a aussi été repris par les partis de l’opposition, le Parti québécois (PQ) et Québec solidaire (QS). Dans son point de presse du mardi 26 avril, le porte-parole péquiste au dossier, Pascal Bérubé, a affirmé qu’on peut « anticiper une crise démocratique importante au Québec, une distorsion, sans précédent, entre les intentions de vote réelles et la représentation à venir de la prochaine législature ». Pour sa part, le chef de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a précisé qu’on « peut avoir 40 % des votes, ça nous donne 80 % des sièges à l’Assemblée nationale, puis ça nous donne 100 % du pouvoir. Est-ce que c’est normal ? N’importe qui qui a une tête sur les épaules répond non ». Et de conclure que « notre système démocratique, il est malade ».

Peut-être que le premier ministre pèche actuellement par excès d’arrogance, comme le soulignait l’éditorialiste de La Presse, mais il n’en demeure pas moins qu’une telle attitude ne fait qu’encourager le cynisme à l’égard de la classe politique. Et cela est très dangereux dans un monde de plus en plus incertain.

François Legault a maintenant décidé de balayer d’un revers de main un engagement électoral ferme autant que fondamental et de renvoyer aux calendes grecques un travail parlementaire et citoyen conséquent. Prenons-en acte… en espérant toutefois que le chef de la CAQ reviendra sur son choix d’abandonner définitivement ce dossier et qu’il se souviendra des raisons fortes qui l’avaient mené à s’engager à remplacer notre vieux mode de scrutin que René Lévesque avait qualifié de « démocratiquement infect ». Le combat pour que chaque voix compte au Québec continue.

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