Cette semaine, un coup de sonde mené par Nanos Research nous apprenait que si des élections avaient lieu maintenant, le Parti conservateur du Canada récolterait 35,6 % des intentions de vote contre 30 % pour les libéraux. Avec 19,6 % des voix, le NPD est en baisse de 2 points. Un recul qui survient dans la foulée de la main tendue par Jagmeet à Justin pour lui garantir la stabilité en échange de faveurs. Parmi ces demandes du NPD, il y a le fameux programme d’assurance dentaire dont j’espérais secrètement profiter pour régler enfin mon problème de dépeuplement buccal hérité de ma mère. OK, c’est une blague ! Cependant, je ne sais pas si vous vous en doutez, mais les dents espacées comme les miennes ne font pas toujours le bonheur, surtout lorsque vient le temps de manger du blé d’Inde.

Plus sérieusement, pour les nombreuses personnes qui rêvaient véritablement de ce programme dentaire, il faudra malheureusement s’armer de patience. En cause, Jagmeet risque de perdre sur toute la ligne dans l’alliance avec Trudeau. Gageons qu’à la fin de cette association, il dira que Justin lui a menti comme un arracheur de dents.

« Mentir comme un arracheur de dents » est une expression qui date du XVIe siècle. En ces temps où les analgésiques n’existaient pas, se faire arracher une dent se faisait à froid et les patients hurlaient comme des possédés. Pour donner une chance à leurs clients, les dentistes-arracheurs de l’époque choisissaient de faire leur intervention pendant les fêtes foraines. Avouez qu’on y penserait à deux fois avant de se faire faire un traitement de canal par un gars de Beauce Carnaval. Couché sous l’arracheur de dents, les cris de douleur du patient étaient enterrés par les sons des trompettes et des tambours. Le spécialiste armé d’une tenaille pouvait alors continuer de racoler des clients en leur promettant qu’il pouvait leur arracher la dent sans aucune douleur.

Aujourd’hui, le progrès a fait son œuvre et la plupart des dentistes sont de vrais professionnels qui réussissent presque à vous faire aimer l’hygiène buccale. Et s’ils opèrent sans douleur, plusieurs patients à la dent trop sucrée hurlent, crient et pleurent encore. Surtout lorsqu’on leur remet, sans tambour ni trompette, une facture bien salée, à leur arracher le cœur. Car si les dentistes d’aujourd’hui peuvent vous geler la bouche en moins de deux, ils n’ont jamais pensé à geler leurs tarifs !

Quand j’ai entendu Jagmeet Singh tendre la main à Justin Trudeau pour le maintenir au pouvoir en échange de services, je me suis demandé quel type d’amitié allait naître de ce rapprochement. J’anticipais une amitié entre l’huile et l’eau. Comme disait ma mère, dans une amitié entre l’huile et l’eau, il n’y a jamais d’égalité.

On a beau brasser le mélange et se raconter des balivernes, la séparation de phase sera inévitable. Autrement dit, l’huile finira toujours par se hisser au-dessus du mélange et montrer à l’eau sa véritable place dans la relation.

Quand j’ai vu Jagmeet Singh tendre la main à Justin Trudeau pour pousser, entre autres, son dossier sur l’assurance dentaire, j’ai pensé qu’il allait se faire avoir. Il y a en effet un grand décalage entre avoir une idée, si noble soit-elle, et la mettre en pratique dans les provinces sans les consulter au préalable. Le verdict est tombé. Les provinces semblent clairement avoir d’autres priorités. Ce qu’elles souhaitent bien avant cette assurance dentaire, c’est une augmentation substantielle des transferts en santé pour se donner les moyens de soigner plus efficacement la population canadienne vieillissante. Une population pour qui les dents sont malheureusement accessoires, puisqu’on sait tous bien que dans les CHSLD, les provinces ne leur donneront pas autre chose que du manger mou.

Quand j’ai vu ce rapprochement, je me suis demandé si Jagmeet maîtrisait vraiment son cercle chromatique en cherchant ainsi à mélanger l’orange et le rouge. Dans une telle tentative d’amalgame, le rouge finit toujours par masquer la couleur orange et prendre toute la place. « Ne jamais te laisser lécher par un animal capable de t’avaler », ainsi disait ma mère dans une telle situation. C’est bien ce qui risque d’arriver, car on sait tous que les politiciens n’ont pas besoin d’assurance pour avoir les dents longues.

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