Compte tenu de la flambée des prix, les consommateurs cherchent des façons d’économiser de l’argent à l’épicerie. Comparativement à nos voisins américains, les Canadiens ont cruellement moins d’options.

Le taux d’inflation alimentaire en février au Canada a atteint 7,4 %, un sommet depuis presque 15 ans. Les consommateurs cherchent désespérément de nouvelles façons d’économiser à l’épicerie. Utiliser des applications pour réduire le gaspillage, opter pour les offres « à déguster ce soir », acheter des marques différentes et consulter plus souvent les circulaires hebdomadaires comptent parmi les stratégies les plus utilisées, tant aux États-Unis qu’au Canada. Mais une chose que les Américains comptent dans leur boîte à outils d’épargne que les Canadiens n’ont malheureusement pas, c’est une industrie du couponnage incroyablement sophistiquée.

Le taux d’inflation alimentaire en février aux États-Unis a atteint 8,6 %. La culture du couponnage est cependant beaucoup plus avancée qu’au Canada. La plupart des ménages américains reçoivent de nombreux coupons chaque semaine. On en retrouve littéralement partout. À l’inverse, depuis le début de la pandémie, les promotions au Canada, y compris les coupons, deviennent incroyablement difficiles à trouver.

Dans de nombreux magasins américains, on permet d’utiliser plusieurs coupons pour acheter un seul et même article. Très peu de détaillants au Canada se soumettraient à cette pratique.

En fait, aux États-Unis, il arrive même fréquemment d’obtenir un produit gratuitement en raison du cumul des coupons.

Les magasins au sud de notre frontière doublent également la valeur des coupons certains jours de la semaine et autorisent l’utilisation de coupons sur des produits alimentaires déjà soldés. De plus, vous pouvez obtenir un crédit dans certains magasins si la valeur de votre coupon dépasse celle du produit lui-même. Supposons qu'un produit se vend à 1 $ et que votre coupon a une valeur de 2 $, certains détaillants vous accorderont une somme en argent comptant pour la différence. Le monde est totalement différent au Canada.

Les Américains peuvent en fait magasiner en ligne et commander autant de coupons qu’ils le souhaitent. Donner aux consommateurs les moyens d’économiser s’intègre dans le mode de vie américain, permettant aux consommateurs d’économiser gros à l’épicerie.

Autrement dit, vu les options que les Américains ont à leur disposition pour épargner, un taux d’inflation alimentaire de 8,6 % aux États-Unis équivaut possiblement à 5 % au Canada. Avec le manque d’outils pour épargner, les Canadiens se retrouvent en quelque sorte pris en otages par l’inflation alimentaire.

Certains Canadiens prétendent économiser jusqu’à 400 $ par semaine en utilisant des coupons, en format numérique ou papier. Mais cela représente un travail à temps plein, car il faut pratiquement 30 heures par semaine pour s’organiser.

Un récent sondage de l’Université Dalhousie a suggéré que l’utilisation plus fréquente de coupons deviendrait la stratégie de réduction des coûts la plus populaire en 2022 à l’épicerie. Au total, 52,8 % des Canadiens souhaitent utiliser les coupons plus souvent, mais les conditions d’utilisation peuvent s’avérer assez écrasantes.

L’industrie alimentaire canadienne doit changer son approche de promotions et de rabais. Les Canadiens ont besoin d’aide, et l’industrie doit montrer qu’elle sympathise avec ses clients.

Puisque les prix ne feront qu’augmenter, les Canadiens apprécieront certainement des techniques d’aide à l’épargne.

Les réductions de prix sur le volume constituent aussi un problème pour les Canadiens. Demander d’acheter trois ou quatre articles à la fois pour économiser alors que le client en a besoin d’un seul est peu pratique et même problématique pour plusieurs. Non seulement cela défavorise les ménages d’une ou deux personnes, mais cela incite également les gens à acheter plus que ce dont ils ont besoin, générant potentiellement plus de gaspillage alimentaire. Les stratégies promotionnelles doivent être repensées.

L’industrie alimentaire fournit aux Canadiens des produits décents de haute qualité à des prix abordables depuis de nombreuses années. On ne compte que huit pays dans le monde qui consacrent moins de 10 % du revenu de leur ménage à l’alimentation, et le Canada est l’un d’entre eux. Mais la hausse du prix des aliments incite les Canadiens à rechercher de nouvelles approches pour épargner. L’industrie doit montrer qu’elle est prête à les soutenir dans cette démarche.

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