Dans les messages électoraux de Justin Trudeau sur le Net, on trouve cette affirmation : « Notre plateforme Avançons Ensemble trace une vision claire de notre plan. Seul le Parti libéral a l’équipe qui pourra en finir avec la COVID-19. » Or, cette déclaration est vraiment des plus surprenantes.

Plusieurs fois dans ses points de presse, Justin a affirmé que seul son parti pouvait mettre fin à la pandémie, pour ne pas dire la mettre au tapis. Une formulation coup de poing qui sert surtout de prétexte pour envoyer des jabs aux antivax en surveillant les sondages. Mais, de quelle façon Justin Trudeau peut-il mettre la COVID-19 K.-O. ? S’il est si convaincu de connaître une façon de terminer la pandémie, c’est la planète entière qui devrait se mobiliser pour qu’il sorte largement gagnant du ring électoral avec une majorité.

Peut-être que Justin a trouvé une façon d’envoyer un message au coronavirus pour lui demander de ne pas muter et déjouer l’efficacité des vaccins. Mais, si vous voulez mon avis, contrairement à ce qu’il raconte dans ses meetings, notre pugiliste a beau être combatif, il est loin de pouvoir battre cet adversaire indivisible qui, il faut le rappeler, a déjà mis l’économie planétaire à genoux. Oui, Justin peut avoir un impact significatif sur notre effort de protection collectif, mais, non, il ne peut pas terminer la pandémie.

Au contraire, sa façon de politiser la vaccination est même un couteau à double tranchant. En cause, toutes ces manifestations antivax, devenues virales dans le monde occidental, et que les gens du Sud regardent, eh bien ! elles risquent de fragiliser ce qui restait de leur confiance envers la vaccination.

Alors, même si après une quatrième dose, on décide de partager les vaccins avec eux, une grande partie des populations dans les pays émergents refuseront le vaccin. Ce qui laissera le champ libre au virus pour générer un variant adaptatif capable éventuellement d’annihiler l’efficacité de nos vaccins. Disons que la capacité autoproclamée de Justin à mater la pandémie est plus utopique que le mélange entre Duplessis et le mouvement woke évoqué cette semaine par François Legault.

En attendant la concrétisation de cette autre promesse libérale, il reste la méthode Dubé. Notre ministre de la Santé recommande d’apprendre à vivre avec le virus. Une formule qui a fait l’objet de beaucoup d’interprétations. Chose certaine, apprendre à vivre avec le virus ne signifie pas faire comme s’il n’existait plus. Dans tous les endroits où on a appliqué cette méthode de coexistence avec ce maléfique pathogène, on a payé un lourd tribut. Prenez le cas de l’Alberta. L’idéologue en chef dans cette province s’est dépêché de tout ouvrir au nom du business en annonçant presque la fin de la pandémie au début de l’été. Une décision irresponsable qui, on le voit aujourd’hui, a mené le système de santé albertain au bord du gouffre.

Ainsi, plutôt que de mettre la pandémie au tapis comme Trudeau, Kenney a décidé de la mettre sous le tapis. Il a cru que « swiper » le virus à gauche, comme sur Tinder, allait éviter une mauvaise « date » aux Albertains. Il était convaincu que les libertés individuelles sont plus importantes que tout, et que le virus allait disparaître comme par magie ! Seules la patience, la discipline et la solidarité permettent de triompher sans grand dommage dans telle circonstance. Mon grand-père disait que la maladie arrive souvent à dos de cheval et se retire à dos de tortue.

Heureusement, Jason Kenney a changé son fusil d’épaule et a récemment instauré de nouvelles mesures en matière de santé publique, incluant un passeport vaccinal maquillé. Depuis le début de campagne électorale, il est resté invisible probablement pour éviter de prendre ce gros virage restrictif avant le scrutin et donner des minutions aux libéraux. Le mal est fait, car depuis son retour, Justin ne rate pas une occasion de tracer une ligne directe entre son comportement irresponsable face à la pandémie et les propositions d’Erin O’Toole.

On était d’ailleurs nombreux à penser que la vaccination massive pourrait tout régler, mais force est d’admettre que la nature est plus complexe et imprévisible que la logique humaine. Apprendre à vivre avec le virus, c’est aussi accepter cette part du hasard qui le fait évoluer sans jamais tomber dans la pensée magique.

À mon avis, apprendre à vivre avec le virus devrait inclure la disponibilité des tests rapides à la population. Pourquoi n’y a-t-il pas, comme aux États-Unis, des tests rapides accessibles à tous dans les pharmacies du Québec ? J’espère que certains experts ne pensent pas encore qu’on n’est pas assez matures pour les utiliser. Ils nous avaient dit la même chose sur les masques. Pendant des semaines, des spécialistes se sont succédé dans les médias pour nous expliquer combien c’était dangereux de laisser la population mettre des masques. Autrement dit, enfiler un masque était un geste complexe que seul un agent de la santé dûment initié pouvait faire sans se contaminer. Pourtant aujourd’hui, même les enfants du primaire en mettent régulièrement.

Si ce n’est pas la thèse de la dangerosité, certains plaideront le manque d’efficacité de ces tests comparativement aux classiques PCR. Ce qui est tout aussi critiquable, car apprendre à vivre avec le virus, c’est aussi éviter de tomber dans l’absolutisme idéologique. Même si ces tests rapides n’étaient efficaces à seulement 30 %, ça vaut la peine de les utiliser, car ils représentent une couche de plus dans notre bouclier protecteur. Ils sont d’autant plus importants que c’est écrit dans le ciel que même en cas d’interdiction stricte, les gens vont quand même se rassembler frauduleusement dans les sous-sols de bungalow pour regarder une soirée électorale ou un match de hockey. Alors, pourquoi ne pas leur donner cette possibilité supplémentaire d’amoindrir les risques de contaminations potentielles en leur permettant d’acheter et d’utiliser ces tests rapides ?

Apprendre à vivre avec le virus, c’est malheureusement encore le passeport vaccinal, les masques, la distanciation physique et les tests. Du moins, c’est la seule façon de continuer d’avoir un peu de loisirs et de garder notre économie ouverte en ces temps difficiles. Apprendre à vivre avec le virus, c’est accepter qu’un grand pas en avant comme ce que nous avons vécu cet été peut être suivi d’un petit pas en arrière, car en science, une vérité demeure une référence jusqu’à ce qu’une autre la vienne la corriger ou la remplacer.

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