En réponse au texte « Une cité universitaire sur le mont Royal », publié dans La Presse le 7 juillet dernier*

Avec leur lettre publiée le 7 juillet dernier dans ces pages, les auteurs du texte « Une cité universitaire sur le mont Royal » expriment une volonté que plusieurs partagent déjà : celle de voir se développer à même le site patrimonial de l’hôpital Royal Victoria une offre de logement abordable et, à plus forte raison, de logement étudiant permettant ainsi au mythique complexe de conserver une vocation universitaire. Or, si le souhait fait très largement consensus, une approche en économie sociale aurait de meilleures chances d’y parvenir, et ce, en plus d’être moins risquée et moins coûteuse pour l’État.

D’abord, il faut rappeler que l’expérience de la création d’une Cité universitaire interuniversitaire a déjà été tentée à l’issue du Sommet de Montréal tenu en 2002. Malgré l’intérêt de tous les ordres de gouvernement à voir un tel projet se réaliser et malgré les efforts de concertation à différents degrés des établissements universitaires de la métropole, l’opération s’est soldée par un échec. Si toutes les parties partageaient l’objectif de développer du logement pour la clientèle universitaire, les intérêts des unes et des autres n’ont finalement pas convergé suffisamment pour en arriver à un projet commun.

C’est pourquoi dans les années 2010, alors que le désastre financier de l’îlot Voyageur faisait les manchettes, l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) a vu le jour.

Ailleurs dans le monde et particulièrement en Europe, les modèles de logement étudiant à but non lucratif et coopératif indépendants des établissements universitaires sont légion. Ici, ils sont pour l’instant l’exception plutôt que la norme.

Pourtant, les modèles développés par l’UTILE et par d’autres initiatives en économie sociale, comme la Cité étudiante de Val-d’Or pour ne nommer que celle-là, offrent une solution à l’enjeu du logement étudiant tout en garantissant à long terme que les loyers demeureront abordables.

Les auteurs ont raison de le souligner, la métropole québécoise fait depuis longtemps l’envie des étudiantes et étudiants étrangers en raison notamment de ses loyers abordables. Or, on le sait, cette abordabilité est en péril. Et l’effritement de l’abordabilité à Montréal nuira autant à l’attractivité de la métropole pour les étudiants internationaux qu’à l’accessibilité aux études pour les futures générations étudiantes de chez nous. C’est pourquoi l’UTILE et d’autres travaillent à développer une offre abordable complémentaire aux résidences et adaptée à la clientèle étudiante permettant justement, comme le formulent les auteurs, « le brassage des langues et des cultures ». L’UTILE a d’ailleurs récemment mis en chantier dans Rosemont le premier projet de logement étudiant abordable interuniversitaire du Québec.

Le défi du financement

La bonne nouvelle, c’est que ce qui apparaît comme une embûche par les auteurs a été transformé en solution par l’UTILE. Après toutes ces années à développer un modèle complémentaire aux résidences étudiantes, l’UTILE a, chemin faisant, contribué à la création d’un écosystème de financement consacré précisément au logement étudiant en économie sociale. Ainsi, avec la mise sur pied du Fonds communautaire de logement étudiant (Fonds CLÉ) et du Fonds d’investissement pour le logement étudiant (FILE), l’environnement financier est nettement plus favorable au développement de nouveaux projets de logement étudiant aujourd’hui qu’il ne l’était il y a encore quelques années.

Si on ajoute à cela le fait que la Ville de Montréal démontre depuis plusieurs années une grande proactivité en matière de logement étudiant et le fait que les options de financement du logement abordable de la Stratégie nationale sur le logement (SNL) du fédéral sont nombreuses, la conjoncture semble effectivement favorable pour le logement étudiant abordable.

Les clés du Royal Vic sont entre les mains de la SQI

L’enjeu qui constitue la véritable embûche à la réalisation d’une telle vision sur le site de l’hôpital Royal Victoria est vraisemblablement au niveau du gouvernement du Québec. Effectivement, le gouvernement pourrait et devrait contribuer au financement si un projet de logement étudiant se profilait sur le site.

Mais le rôle le plus important que le Québec aurait à jouer dans ce scénario est celui de manifester la volonté de voir se concrétiser un tel projet et de consentir à y céder un ou des immeubles.

En envoyant le signal à la Société québécoise des infrastructures (SQI) responsable de l’avenir du lieu de vendre un lot ou (encore mieux) de faire le don d’un lot en guise de subvention à un organisme d’économie sociale chargé de développer un projet de logement étudiant abordable, le gouvernement ferait une vraie différence sur le portrait de l’abordabilité du logement étudiant dans la métropole.

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