Année après année, Montréal figure au palmarès des meilleures villes étudiantes du monde. Les raisons sont notoires : quatre grandes universités qui rayonnent dans deux langues, un corps professoral et étudiant venu des quatre coins de la planète, une riche vie urbaine, culturelle et sociale, des droits de scolarité raisonnables et des perspectives de carrière appréciables. 

Jusqu’à tout récemment, un loyer abordable faisait aussi partie des facteurs d’attraction de la métropole. La donne a malheureusement changé ces dernières années, et le besoin de résidences universitaires est aujourd’hui criant.

Un modèle idéal pour Montréal : la cité universitaire internationale

À l’heure actuelle, chaque université planifie et gère ses résidences sur son campus et selon ses besoins propres, sans concertation ni tentative réelle d’offrir aux étudiants une expérience typiquement montréalaise : le brassage des langues et des cultures.

Il existe pourtant un autre modèle : celui de la « maison internationale ». De Berkeley, à New York, en passant par Chicago, de nombreuses villes se sont dotées, au début du XXe siècle, de résidences universitaires affiliées à plusieurs institutions, destinées aux étudiants locaux et étrangers. À Paris, c’est tout un campus – la cité universitaire internationale de Paris – qui accueille 40 maisons hissant le drapeau de presque autant de pays, dont la Maison des étudiants canadiens, fondée en 1926 avec le concours du Québécois Joseph-Marcelin Wilson.

Une cité universitaire internationale de Montréal enrichirait la vie étudiante de la métropole à la fois par son caractère bilingue, unique au monde, et par le renforcement de la coopération interuniversitaire.

Basée sur un principe de mixité sociale, culturelle et disciplinaire, la cité serait un véritable bien collectif au bénéfice des étudiants internationaux venus découvrir Montréal, mais aussi des étudiants québécois qui partageront leur quotidien avec ces visiteurs de l’étranger. Elle encouragerait les rencontres et le vivre-ensemble, tout en réduisant un peu la pression sur le marché locatif.

Finalement, la cité constituerait un puissant levier d’attraction, devenant un symbole fort de la vie universitaire montréalaise et contribuant au rayonnement universitaire et culturel du Québec sur les cinq continents.

Un site tout désigné

Si l’idée d’une cité universitaire internationale de Montréal circule depuis quelques années, nous avons aujourd’hui une formidable occasion de la mettre en œuvre : la nécessaire reconversion du terrain de l’ancien hôpital Royal Victoria. Situé dans un écrin de verdure sur le mont Royal, l’hôpital désaffecté inclut de nombreux pavillons composés de chambres et d’espaces collectifs, notamment le Pavillon des femmes, qui seraient particulièrement adaptés aux usages d’une résidence étudiante.

L’établissement se trouve à quatre kilomètres de l’Université de Montréal, à deux kilomètres de l’UQAM et de Concordia, et à quelques centaines de mètres de McGill. On pourrait aisément y loger 500 étudiants, soit 100 places pour les quatre universités et une centaine de places pour d’autres établissements (Polytechnique, ETS, Conservatoire, etc.). Les étudiants auraient accès à leur campus d’attache à pied, à vélo ou par transports collectifs, y compris le futur REM.

Les usages possibles du Royal Victoria ne sont pas si nombreux, surtout si l’on souhaite éviter la privatisation du lieu ou son appropriation institutionnelle exclusive. La cité universitaire cohabiterait à merveille avec les plans de l’Université McGill, dont le pavillon de développement durable occuperait moins de 15 % du site. Le projet d’une cité universitaire internationale de Montréal pourrait par ailleurs faire l’objet d’un large consensus en préservant le caractère public du site, en évitant les clivages linguistiques et en y associant la vitalité propre à une communauté étudiante.

Comment financer le projet ?

Il reste la question du financement. À l’origine, les maisons internationales des États-Unis et de Paris ont été créées par des philanthropes. Elles sont aujourd’hui largement autonomes sur le plan financier, grâce aux loyers payés par les étudiants, aux services de cafétéria, etc.

À Montréal, il n’est pas difficile d’imaginer un partenariat initial entre les universités, la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. Parions également qu’il serait possible d’intéresser quelques entreprises, mécènes et donateurs privés, qui se réjouiraient de soutenir un projet phare pour l’avenir de l’éducation supérieure et le rayonnement international de Montréal et du Québec tout entier.

* Les auteurs ont séjourné, respectivement, à l’International House de Berkeley, à l’International House de New York et à la Cité universitaire de Paris. Ils en gardent un bon souvenir.

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