Il était une fois un produit de placement révolutionnaire venu au monde il y a un quart de siècle dans une contrée nommée le Canada. Le nouveau-né, baptisé fonds négocié en Bourse (FNB), fut doté d'incomparables atouts dès le berceau.

Comme par magie, il permettait aux épargnants d'investir dans tous les titres de la Bourse en achetant une seule et même action. Un vrai conte de fées pour les épargnants qui en avaient marre des fonds communs de placement qui leur coûtaient dix fois plus cher et dévoraient le tiers de leur rendement !

Rapidement, les investisseurs tombèrent follement amoureux des FNB. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants. Beaucoup, beaucoup d'enfants. Pour tout vous dire, on dénombre aujourd'hui plus de 500 FNB, offerts par 17 émetteurs, qui contiennent plus de 100 milliards de dollars. Au Canada seulement !

Ce qui était simple est devenu compliqué. Bien des petits épargnants restent maintenant paralysés comme des statues de sel devant cette flopée de FNB de plus en plus complexes, pointus et coûteux.

Mais, chers lecteurs, soyez sans crainte, l'histoire se termine bien. En suivant la bonne route, il est encore possible de bâtir un portefeuille de FNB simple, diversifié et peu coûteux.

CHAPITRE 1 TROUVER UN COURTIER BON MARCHÉ

Pour commencer, il faut ouvrir un compte chez un courtier direct où vous ferez vos transactions vous-même sur l'internet pour une bouchée de pain.

Mon conseil : choisissez Banque Nationale Courtage Direct (BNCD), qui permet à ses clients d'acheter et de vendre gratuitement tous les FNB inscrits à la Bourse canadienne. N'est-ce pas merveilleux ?

Quelques bémols, toutefois. Cette tarification s'applique seulement sur les achats d'au moins 100 parts (sinon, il faut payer 9,95 $, ce qui n'est pas énorme). Pour avoir droit à l'exonération, vous devrez donc réaliser des transactions d'environ 1500 à 3000 $, puisque le cours des FNB oscille généralement entre 15 et 30 $. Notez aussi que BNCD exigera des frais d'administration de 100 $ par année si vos actifs sont inférieurs à 20 000 $.

D'autres courtiers directs proposent des transactions gratuites sur les FNB. Mais dans certains cas, la promo vise uniquement les ordres d'achat, pas de vente (Questrade, Virtual Brokers). D'autres courtiers limitent le choix à une cinquantaine de produits (50 FNB chez Scotia iTrade, 100 FNB chez QTrade).

CHAPITRE 2 CHOISIR TROIS FNB PEU COÛTEUX

Et maintenant, quels produits choisir ? Je vous propose un portefeuille ultrasimple constitué de trois FNB qui se négocient à la Bourse canadienne. Des fonds très diversifiés, liquides, sans flafla, qui se démarquent par leurs frais de gestion extrêmement faibles.

- Pour la portion obligations, optez pour le Vanguard Canadian Aggregate Bond Index (VAB). Moyennant des frais annuels d'à peine 0,13 %, vous aurez accès à un éventail d'obligations fédérales, provinciales, municipales et de sociétés canadiennes.

Toutefois, les titres ont une durée moyenne de près de 8 ans, ce qui rend le portefeuille plus sensible à une éventuelle remontée des taux d'intérêt.

Si vous préférez être plus défensif, le Vanguard Canadian Short-Term Corporate Bond Index (VSC) est une bonne solution de rechange. Ces obligations ont une durée plus courte (3 ans) et les frais sont encore plus faibles (0,11 %).

- Du côté des actions canadiennes, vous pouvez y aller avec le BMO S&P/TSX Capped Composite ETF (ZCN). Contenant plus de 200 actions, il offre une meilleure diversification que le fameux iShares S&P/TSX 60 Index (XIU), le patriarche de l'industrie qui regroupe les 60 plus grands noms de l'indice de la Bourse de Toronto. Et ses frais (0,06 %) sont plus bas.

- Pour compléter le portrait, il ne reste qu'à acheter des actions étrangères. L'iShares Core MSCI All Country World ex Canada Index (XAW) vous permet d'investir dans tous les pays du monde, à l'exclusion du Canada. La Bourse américaine forme la moitié du portefeuille, qui contient aussi des actions de l'Europe, de l'Asie et des pays émergents. Tout ça pour 0,21 % par an.

CHAPITRE 3 PONDÉRER ET RÉÉQUILIBRER

Dernière question à régler : combien investir dans chacun de ses fonds ? La réponse dépend de votre profil d'investisseur. Pour vous guider, voici trois scénarios de répartition d'actifs tirés des normes de l'Institut québécois de la planification financière (IQPF).

Si vous êtes un épargnant dynamique, vous pourriez investir 20 % en obligations, 35 % en actions canadiennes, 40 % en actions étrangères et garder 5 % de liquidités.

Au fil des ans, n'oubliez pas de rééquilibrer votre portefeuille pour maintenir votre répartition d'actifs cibles. Pas besoin de tout virer à l'envers ! Dans la mesure du possible, utilisez vos nouvelles contributions (ou vos retraits) pour ramener votre portefeuille à l'équilibre. Par exemple, si la Bourse canadienne a baissé, rachetez-en davantage.

ÉPILOGUE

Avec cette recette simple, un portefeuille de 100 000 $ vous coûtera la très modique somme de 131 $ par année, ce qui équivaut à 0,13 %. Difficile d'aller plus bas !

Sur 25 ans, vous économiserez ainsi des dizaines de milliers de dollars en frais de gestion par rapport à un fonds commun. Mais évidemment, il faut être prêt à vous débrouiller tout seul, sans conseiller financier. Il faut avoir la discipline d'épargner et la capacité de répondre à toutes sortes d'autres questions financières : assurances, hypothèque, planification de la retraite, etc.

Mais rien ne vous empêche de vous payer les conseils d'un planificateur financier occasionnellement, à des moments charnières de votre vie financière.

Et si vous avez besoin d'un encadrement plus serré, il est aussi possible de constituer un portefeuille de FNB avec l'aide d'un conseiller en placement qui ajoutera des honoraires d'environ 1 à 1,5 % par an pour vous épauler dans votre cheminement financier.

INFOGRAPHIE LA PRESSE