Qu'un (e) flic se retrouve vedette d'une vidéo virale pour des excès de zèle, ça n'a rien de surprenant. YouTube regorge de policiers en pleine perte de contrôle. Bienvenue au XXIe siècle: aujourd'hui, tout le monde se promène avec une caméra intégrée dans son téléphone portable.

Mais une policière qui déconne et qui réussit à devenir deux fois une star virale du web en moins de six mois, voilà qui force l'admiration!

Ce serait drôle si l'étrange cas de Stéfanie Trudeau n'impliquait pas une policière, justement. Quelqu'un qui se promène avec un Walther P99QA de calibre 9 mm, l'arme de service des 4500 agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Qui pourrait s'en servir...

Plus on en apprend sur Mme Trudeau, plus on a froid dans le dos. L'épisode du centre-ville qui l'a d'abord rendue célèbre en mai - quand elle a stupidement poivré des citoyens dans le centre-ville - n'était pas un égarement passager. Sa seconde singerie, celle du 2 octobre, avenue Papineau, l'a de nouveau catapultée dans nos fils Twitter et Facebook, par l'entremise d'un reportage de Radio-Canada.

Mais il y a aussi toutes ces plaintes à son endroit qui commencent à sortir. Chaque fois, le même pattern: celui d'une femme agressive, incapable de composer avec la moindre contradiction. Qui brutalise des citoyens sans défense. Qui se venge. Qui brutalise physiquement et verbalement.

Consternant événement: en 1996, Stéfanie Trudeau s'est illustrée par son attitude «obtuse et agressive», selon les mots du Comité de déontologie policière du Québec. L'agente 728 tentait-elle de tenir tête à un voleur de banque, à un Hells Angel ou à un proxénète d'un gang de rue? Non! Elle voulait en imposer à une infirmière qui lui demandait simplement... de parler moins fort dans un corridor d'hôpital. La policière était à Sainte-Justine pour questionner une jeune victime d'agression sexuelle. Bonjour le doigté.

Une affaire absolument délirante, qui s'est rendue jusqu'en Cour du Québec (l'agente 728 fut déboutée en appel et condamnée à six jours de suspension sans salaire).

Délirante parce que jamais Stéfanie Trudeau ne se serait retrouvée dans le pétrin si elle avait tout simplement fait preuve de jugement. L'épisode du 2 octobre, avenue Papineau, relève du même délire, du même manque de jugement.

L'homme qu'elle a interpellé avenue Papineau, bière à la main, n'aurait pas dû se retrouver sur le trottoir, bière à la main. Même s'il ne faisait que tenir la porte pour un ami. Le règlement municipal est clair: pas d'alcool sur la voie publique. Mais dans 99% des cas, l'interaction entre le citoyen Rudy Orchietti et un flic du SPVM se serait conclue sans que le chef de police de Montréal n'ait à formuler des excuses publiques.

Et c'est parce que la conduite de Stéfanie Trudeau est parfaitement indéfendable, sur le fond et dans la forme, que le directeur du SPVM a convoqué les médias hier après-midi. Sans détour, Marc Parent s'est d'abord excusé auprès des quatre personnes malmenées le 2 octobre dernier. Des excuses sincères - appuyées par une condamnation sans détour de l'agente 728 - qui honorent le leadership du chef.

Il reste que ces excuses officielles rendent caduques les accusations qui ont plu sur les quatre personnes qui ont croisé l'agente 728, je parle d'entrave au travail des policiers, d'assaut et d'intimidation.

Des accusations qui, bizarrement, fusent souvent quand la force policière fesse inutilement sur le citoyen, tiens. Pourquoi a-t-on accusé ces gens? A-t-on fabriqué de la preuve? Il faudra faire la lumière là-dessus. Et vite.

Le plus ironique: Stéfanie Trudeau est la fille d'un policier qui fut hautement respecté en son temps. Pierre Trudeau a été chef du service de Saint-Hubert et président de l'Association canadienne des chefs de police. Décédé prématurément en 2001, il n'a pas eu à avoir honte de sa fille transformée en TerminaBitch, risée de la province au grand complet.

Le seul endroit où Stéfanie Trudeau pourrait contribuer à la sécurité publique est à la cavalerie du SPVM. Mais non, pas en patrouillant sur un des chevaux ! À leur donner du foin, dans l'écurie du mont Royal.

Et encore là, connaissant son sale caractère, probablement que l'agente 728 finirait par mordre une des bêtes.