Pourquoi souligner le 375e anniversaire de Montréal ? Cette question, je l'ai entendue des millions de fois au cours des derniers mois. On souligne un 350e ou un 400e, mais pas un 375e, aiment à répéter les casseux de party. Pourquoi ne pas célébrer le 375e d'une ville ? Ou son 425e ? Vous savez, dans une fête, il y a le symbole, mais il y a surtout la volonté de fêter. Et mon petit doigt me dit que les Montréalais ont très envie de fêter.

J'ai aussi beaucoup entendu que la tenue de ces festivités était une stratégie du maire Coderre pour mieux briller en 2017, année d'élections municipales. J'ai des nouvelles pour les amateurs de complots, cette théorie ne tient pas la route. Vous savez quand exactement on a commencé à parler de ce projet ? En 2009, alors que Denis Coderre était député libéral à Ottawa.

Les deux principaux partis engagés dans la course électorale de 2009, Union Montréal (Gérald Tremblay) et Vision Montréal (Louise Harel), avaient inclus dans leurs promesses la tenue de festivités et la création de projets durables pour souligner le 375e anniversaire de Montréal. Élu maire pour la troisième fois le 1er novembre de cette même année, Gérald Tremblay a lancé ce vaste chantier et a nommé Gilbert Rozon à la tête de la programmation en 2012 (peu avant sa démission).

Le lendemain des élections, le 2 novembre, Isabelle Hudon, ex-présidente de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, publiait dans nos pages un texte dans lequel elle expliquait pourquoi il fallait souligner le 375e anniversaire de Montréal. « À l'ère où les grandes villes du monde sont en concurrence pour attirer talents et investissements [...], Montréal a besoin de déterminer ses priorités, de se démarquer et d'affirmer son unicité. Elle a ardemment besoin de se positionner comme une marque... gagnante. »

Ce discours qui puise largement dans le vocabulaire du marketing, je l'entends et je le comprends. Au-delà de la personnalité et de la fierté, la ville de Montréal avait perdu ces dernières années « son angle marketing » face aux autres capitales et métropoles du monde.

On a décidé que Montréal était une ville créative. Elle a trouvé sa personnalité. Donnons-lui maintenant les moyens de s'épanouir en ce sens.

Cette semaine, lors d'une visite aux bureaux de La Presse, France Chrétien Desmarais, présidente de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, et Alain Gignac, directeur général de l'événement, ont tous les deux tenu ce même discours. Montréal a besoin d'un tel événement pour connaître une grande relance.

« La ville de Montréal a besoin de faire le point sur son passé, sur ce qu'elle est devenue et sur ce qu'elle deviendra », a dit Mme Chrétien Desmarais.

Les deux dirigeants de ce grand projet nous ont assuré que tout se déroulait comme prévu. Un calendrier de programmation de 175 événements a été mis sur pied. Il se déploiera sur quatre saisons. « Il reste maintenant à ajouter des noms et à enrichir ces événements sur le plan artistique », a dit Alain Gignac.

Les festivités du 375e anniversaire seront aussi un moment de trêve pour les Montréalais qui en ont soupé des travaux. Le maire Denis Coderre a annoncé la semaine dernière que la prochaine décennie serait riche en chantiers, mais il a aussi promis que 2017 marquerait une pause. En ce qui a trait aux travaux qui doivent obligatoirement avoir lieu, Alain Gignac et France Chrétien Desmarais nous assurent qu'un solide travail de collaboration est fait avec la Ville afin de ne pas ternir les festivités.

Au fil des semaines, on en apprend davantage sur la programmation de ces festivités. On parle beaucoup de l'illumination du pont Jacques-Cartier, des événements Les Géants et Montréal symphonique, de la création d'Another Brick in The Wall, de la réalisation du film Hochelaga, terre des âmes, de l'émission spéciale de télévision du 11 décembre prochain et des spectacles-événements qui auront lieu au cours de l'été prochain, mais un projet retient particulièrement mon attention.

Afin de bonifier le budget de programmation qui est de l'ordre de 100 millions de dollars, on a réuni 12 commanditaires (BMO, RBC, Québecor, Desjardins, Choix du Président, Claridge, Bell, Saputo, Power Corporation, IGA, Caisse de dépôt et placement et un 12e à venir) du milieu des affaires qui ont offert chacun 1 million de dollars. Ces donateurs seront la pierre angulaire d'une entité appelée Conseil des gouverneurs.

Présidé par Monique Leroux, présidente de l'Alliance coopérative internationale, ce groupe est appelé à grandir. Il est surtout appelé à demeurer en place après les festivités. Son rôle sera de créer et soutenir des projets socioéconomiques pour la ville au cours des prochaines années. Voilà une initiative solide et intelligente dont la ville a grandement besoin.

Au hasard d'un ménage de placard, je suis tombé il y a quelques semaines sur une cassette (eh oui !!!) qui contient la chanson-thème du 350e anniversaire de Montréal. Elle est interprétée par Dan Bigras et Nanette Workman. Ça s'appelle Un bateau dans une bouteille. Le texte poétique de Christian Mistral dit ceci : « Un bateau dans une bouteille / M'a ramené vers tes bras d'eau / C'était un jour de grand soleil / Qui faisait fondre mon fardeau ».

Il y a 25 ans, Montréal avait besoin de poésie. Aujourd'hui, elle a besoin de faire la fête, bien sûr, mais elle a surtout besoin de retrouver sa fierté perdue et de créer de nouvelles bases pour le futur. Ce 375e anniversaire sera l'occasion de casser la bouteille et de mettre enfin le bateau à l'eau.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

France Chrétien Desmarais, présidente de la Société des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, et Alain Gignac, directeur général de l'événement