Elle s'appelle Élodie. C'est elle qui me l'a dit. Je le lui ai demandé, même si son prénom pendait au bout d'une chaîne en or, dans son cou. Règle d'or du journalisme: ne jamais se fier aux apparences.

Elle s'appelle Élodie et elle a 27 ans. Ce n'était pas écrit dans son cou. J'ai dû le lui demander, même si c'est toujours délicat, ce genre de question, vous savez, avec les filles. Autre règle d'or du journalisme: ne jamais hésiter à poser les questions difficiles.

Élodie, 27 ans, a fait 1200 km lundi, d'une traite, en voiture, pour se rendre de Lille, plein nord, jusqu'à Cannes, plein sud de la France. Lille, la ville où l'on m'a appris toutes les règles d'or du journalisme.

Hier, je l'ai rencontrée, assise sur une chaise de métal, dans le terre-plein du boulevard de la Croisette, juste en face du Palais des Festivals. Respirant les émanations de gaz carbonique avec deux douzaines de badauds qui, comme elle, ne sont pas à Cannes pour les films, mais pour ceux qui y tiennent l'affiche.

Depuis huit ans, Élodie fait ce même parcours de 1200 km au mois de mai, avec sa soeur. Elle loge à La Bocca, un quartier de Cannes, pour 15 jours. Ses vacances annuelles. Tous les jours, elle vient faire le guet devant le Palais. Tous les soirs, elle enchaîne sa chaise à la barrière qui sépare les badauds du boulevard où s'arrêtent les limousines et les stars, avant la montée des marches.

«Je prends des photos et je collectionne les autographes, me dit-elle. C'est plus facile avec les vedettes américaines. Elles sont plus sympas que les vedettes françaises. Elles prennent le temps de venir nous saluer.» Sa plus belle prise? «Angelina Jolie, tout le monde se l'arrachait et c'est devant moi qu'elle s'est arrêtée.»

Ce soir, pour l'ouverture du 65e Festival de Cannes, Élodie espère que Bruce Willis, de la distribution de l'intrigant Moonrise Kingdom de Wes Anderson (Rushmore, The Royal Tenenbaums), lui fera le même honneur. «C'est quand même Bruce Willis.» Quand même.

Parmi les chasseurs d'autographes, pour la plupart des habitués, certains ont réservé leur place devant le Palais depuis dimanche. Leurs escabeaux enchaînés entre eux. «Ça se bouscule un peu, le soir venu, mais nous nous connaissons tous ou presque, dit Élodie. On se relaie pour guetter les places, pour ne pas rester au soleil toute la journée!»

Même Bruce Willis ne vaut pas une insolation.

Compétition de couple

D'ordinaire, ce sont eux qui font le plus tourner les têtes sur la Croisette. On ne sait pas encore si Angelina Jolie accompagnera son beau Brad cette année. Pitt tient la vedette de Killing Them Softly d'Andrew Dominik (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford), en compétition. Quoi qu'il en soit, Brangelina aura de la compétition avec la venue confirmée de Kristen Stewart et Robert Pattinson, jeune couple à l'écran et à la ville de la série Twilight. Tous deux seront de la compétition: Pattinson dans Cosmopolis de David Cronenberg (qui prendra l'affiche le 8 juin au Québec) et Kristen Stewart dans On the Road, l'adaptation du célèbre roman de Jack Kerouak par le Brésilien Walter Salles (Central do Brasil).

L'égérie Marilyn

Au Palais des Festivals, on a installé une gigantesque affiche de Marilyn Monroe soufflant de sa bouche en coeur une bougie sur un gâteau d'anniversaire. L'effigie de ce 65e Festival de Cannes souligne les 50 ans de la mort de la plus sexy des actrices américaines, toutes époques confondues.

Un «sosie» (il faut le dire vite) de Marilyn déambulait d'ailleurs sur la Croisette hier, signant des autographes. Ce qui m'a inspiré cette question sans réponse: combien vaut un vrai faux autographe d'un sosie de Marilyn Monroe sur eBay? Ainsi que cette question avec réponse: comment distingue-t-on un Cannois d'un touriste? Le touriste fait signer des autographes sur la Croisette. Le Cannois laisse son chien signer des «autographes» sur la Croisette.

Le duel (la suite)

De tous les films de la compétition, peu sont aussi attendus que les nouveaux longs métrages de Michael Haneke et de Jacques Audiard. Il y a deux ans, Un prophète d'Audiard était le favori des festivaliers pour la Palme d'or, qui a été remise à l'excellent Ruban blanc d'Haneke. Dans Amour, l'Autrichien s'intéresse cette fois-ci à la déliquescence du couple. La presse française spécialisée, qui a vu le nouveau film d'Audiard, annonce De rouille et d'os comme l'un des grands chocs du Festival. Certains accordent déjà un prix d'interprétation à Marion Cotillard, en dresseuse d'orques qui perd ses jambes. On va attendre d'avoir vu tous les films, quand même...

Le bal des Australiennes

On a bien hâte de voir Nicole Kidman en nymphomane trash dans Paperboy de Lee Daniels (Precious). Et on est bien curieux de découvrir la pop star Kylie Minogue dans le nouveau Leos Carax, que l'on n'a pas revu depuis Pola X en 1999. En espérant que ce ne soit pas une catastrophe. Oui, j'ai peur.

Ils ont raison

Laurence Anyways de Xavier Dolan sera présenté en sélection officielle, vendredi, dans la section Un certain regard. Et la presse française de faire écho à la «déception» du jeune Québécois de ne pas avoir été retenu en compétition officielle. «Nous avons eu beaucoup de presse grâce à lui, me disait hier en souriant Christine Aimé, la responsable du service de presse du Festival. Il a raison et nous avons raison. Tout le monde a raison et personne n'a tort.» Elle a raison.