Montréal compte plus de 2200 filiales de sociétés étrangères qui génèrent à elles seules 20 % du produit intérieur brut (PIB) de la grande région métropolitaine. Si les filiales d'entreprises américaines dominent toujours en nombre, ce sont les sociétés européennes qui, depuis cinq ans, réalisent la majorité des nouveaux investissements en sol montréalais.

Le sujet est assurément dans l'air du temps. Alors que le gouvernement fédéral est en train d'orchestrer une stratégie pour augmenter les investissements étrangers au pays, Montréal International tient aujourd'hui des états généraux pour rehausser d'un cran l'attractivité du Grand Montréal auprès des grands investisseurs internationaux.

Plus de 300 dirigeants de filiales d'entreprises étrangères, notamment des responsables d'agences de développement économique, des spécialistes de l'enseignement et des nouvelles technologies, vont discuter dans cinq ateliers différents de cinq enjeux pour rendre la région de Montréal plus compétitive dans sa quête de nouveaux investissements étrangers.

On va donc s'attaquer à l'éducation, à la rétention de talents internationaux, à la révolution numérique, à la promotion économique et au soutien aux investisseurs étrangers.

« Montréal est la plus importante ville universitaire en Amérique du Nord, avec ses 4 universités et les 30 000 étudiants étrangers qui les fréquentent », constate Hubert Bolduc, le PDG de Montréal International.

« Montréal semble bien placé pour faire face à la révolution numérique, mais ironiquement, on a aussi un très faible taux de 25 % de diplomation universitaire à Montréal, contre 35 % à Toronto ou 50 % à Boston. »

- Hubert Bolduc

Montréal doit donc trouver des moyens pour retenir les étudiants étrangers qui sont formés dans ses universités. Un étudiant étranger sur deux souhaiterait rester et travailler à Montréal après ses études, mais seulement un sur cinq arrive à le faire en raison de problèmes d'immigration, de disponibilité d'emplois ou de maîtrise de l'anglais ou du français.

« Le bassin de main-d'oeuvre qualifiée, tout comme les coûts d'implantation et d'exploitation d'une nouvelle filiale, est un des principaux critères retenus par les entreprises étrangères lorsqu'elles doivent sélectionner un lieu d'implantation. Il faut développer et retenir plus de nouveaux talents disponibles », insiste Hubert Bolduc.

Voilà donc un des défis qui seront abordés durant le Forum de l'attractivité du Grand Montréal, parce que le coeur économique du Québec doit sans cesse renouveler l'afflux de nouveaux investissements étrangers pour maintenir la métropole et l'ensemble de la province en santé.

UN POIDS ÉCONOMIQUE SOLIDE

C'est que le poids économique des filiales de sociétés étrangères est loin d'être négligeable.

Les 2200 entreprises qui sont physiquement implantées et qui ont des activités dans la grande région de Montréal ont beau ne représenter que 1 % de toutes les entreprises présentes sur le territoire, elles totalisent tout de même 10 % de tous les emplois de la région (195 000) et contribuent à la hauteur de 20 % au produit intérieur brut du Grand Montréal en générant une activité annuelle de 31 milliards.

Montréal International a participé l'an dernier à la réalisation d'une cinquantaine de projets d'investissement étrangers qui ont totalisé 1 milliard de dollars. L'année qui s'achève devrait générer un nombre de projets équivalent avec des retombées de l'ordre du milliard.

« Le milliard d'investissements étrangers de l'an dernier a contribué à générer 20 % de la croissance du PIB du Québec dans son ensemble, c'est important », souligne Christian Bernard, économiste et vice-président, stratégie et communications, de Montréal International.

Bon an, mal an, 60 % des investissements étrangers sont des réinvestissements que les maisons mères réalisent dans leur filiale montréalaise alors que les 40 % restants vont à l'implantation d'une nouvelle entreprise dans le Grand Montréal.

Depuis cinq ans, ce sont les entreprises européennes qui investissent le plus à Montréal, réalisant 60 % des investissements totaux contre 30 % pour les entreprises américaines. L'Asie est la troisième source d'investissements étrangers qui atterrissent à Montréal.

« Devant la dégradation des conditions économiques en Europe, beaucoup d'entreprises françaises, allemandes ou britanniques ont décidé de redéployer leurs activités en Amérique.

« On devient la tête de pont pour accéder au marché américain et cela va être encore beaucoup plus vrai avec l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange avec l'Europe », note Christian Bernard.