Le fabricant de véhicules récréatifs BRP et le voyagiste intégré Transat ont dévoilé hier des résultats financiers trimestriels que l'on pourrait qualifier de spectaculaires avec des hausses de profits respectives de 52% et de près de 300%. Des résultats qui viennent couronner les efforts de redressement qu'ont réalisés ces deux entreprises, frappées violemment par la crise de 2009.

Il y a deux semaines, José Boisjoli, PDG de BRP, me confirmait que non seulement son entreprise avait émergé plus forte de la tempête qu'elle a dû traverser, mais encore elle était maintenant favorisée par une conjoncture qui devrait perdurer pour quelques années.

«On profite d'un bon vent de dos. On a beau être une entreprise qui évolue dans un secteur cyclique, là on voit qu'on a de belles années devant nous», observait José Boisjoli.

Frappée de plein fouet par la récession de 2009, BRP a vu, en l'espace de quelques mois, son marché s'effondrer de 40%. Les véhicules récréatifs - motoneiges, VTT, roadsters ou motomarines - ne constituent plus une dépense prioritaire lorsque survient une crise de l'ampleur de celle que les pays industrialisés ont connue en 2009.

BRP a dû réduire sa cadence de production et attendre un an avant d'écouler ses stocks. L'entreprise a réorganisé ses opérations en transférant l'assemblage de ses motomarines au Mexique tout en peaufinant et en élargissant sa gamme de produits.

Ces réajustements opérationnels et la reprise graduelle qui s'est amorcée depuis 2010 ont permis à Bombardier de repartir sur des bases plus solides. Les résultats du troisième trimestre, dévoilés hier, confirment la perception du PDG au sujet de l'avènement d'une embellie de marché durable.

L'entreprise affiche des revenus de 886 millions de dollars, en hausse de 18% par rapport à l'an dernier, mais enregistre une hausse de ses profits de 52%, à 48,2 millions.

Des résultats qui sont d'autant plus significatifs qu'ils sont en grande partie attribuables à la hausse des ventes de motoneiges en Amérique du Nord et à l'étranger.

C'est donc le produit fondateur de BRP, conçu et assemblé à Valcourt, qui sonne la charge, en dépit des changements climatiques et de la relative pénurie de neige que certains usagers déplorent.

Transat à destination

Quant à Transat, il a causé l'autre surprise de la journée d'hier en dévoilant des résultats qui ont dépassé, et de très loin, les attentes du marché.

À son dernier trimestre, le voyagiste a enregistré des revenus en hausse de 6%, à 808 millions, et des profits de 54,7 millions, pratiquement le triple des 16,6 millions réalisés l'an dernier.

De fait, Transat a signé le meilleur quatrième trimestre de son histoire, ce qui lui a permis de terminer un premier exercice financier positif après avoir cumulé deux années de pertes consécutives.

Jean-Marc Eustache, PDG de Transat, s'était personnellement engagé à renouer avec la rentabilité cette année et il a tenu promesse.

Avec des revenus de 3,8 milliards, en baisse de 1% par rapport à l'an dernier, l'entreprise dégage un profit net de 58 millions, comparativement à une perte nette de 16,7 millions en 2012 et à une perte de 14,7 millions, en 2011.

Comme BRP, Transat a aussi subi les contrecoups de la crise financière et économique de 2008 et 2009, alors que le nombre de touristes américains qui allaient traditionnellement au Mexique et dans les Caraïbes a chuté de 25 millions de visiteurs par année à 22 millions seulement.

Beaucoup d'hôteliers qui se sont retrouvés avec des masses de chambres invendues ont décidé de faire du dumping, permettant aux concurrents de Transat de casser les prix. Le voyagiste québécois, qui avait déjà négocié des blocs de chambres à prix fixe, n'a pas pu bénéficier de cette chute soudaine et inattendue des prix.

Il a fallu deux ans d'ajustements à Transat pour redresser la situation. On a réduit les capacités tant vers l'Europe que vers les destinations Sud tout en augmentant les tarifs. L'entreprise s'est aussi engagée dans un programme de réduction de ses coûts qui est toujours en vigueur.

Le pari de Jean-Marc Eustache et de Transat est d'arriver maintenant à boucler un premier semestre profitable, événement qui ne s'est pas matérialisé depuis quatre ans maintenant.

«Ça fait trois ans que l'on perd de l'argent durant la saison d'hiver: 20 millions en 2010, 20 millions en 2011 et 55 millions l'an dernier. C'est supposé être notre grosse saison, ça ne peut plus continuer comme ça», m'avait confié Jean-Marc Eustache, à pareille date l'an dernier.

Transat a failli atteindre son objectif à son dernier exercice, mais a terminé son premier semestre avec une perte nette de 2,5 millions. Mieux que les 55 millions de l'année précédente. C'est cette année que l'entreprise devrait atteindre la destination souhaitée.