Ben Bernanke, le président de la Réserve fédérale américaine, a injecté jeudi une dose d'optimisme dans des marchés en fort manque de profits.

Les investisseurs boursiers qui attendaient et espéraient une nouvelle intervention de la banque centrale pour stimuler l'économie américaine n'ont pas été déçus.

En annonçant un nouveau programme d'assouplissement quantitatif qui se traduira par le rachat mensuel de 40 milliards US d'actifs adossés à des créances hypothécaires, la Réserve fédérale américaine vient d'entreprendre sa troisième opération d'envergure visant à libérer des liquidités depuis le déclenchement de la crise en 2008.

Ce nouveau programme de rachats de titres de dettes va permettre aux institutions financières de retrouver une marge pour leur permettre de prêter de l'argent qui servira à stimuler l'activité économique et à redynamiser une croissance qui peine à s'articuler correctement aux États-Unis.

Si le but déclaré et visé de la Fed est de relancer le marché de l'emploi et notamment les secteurs de l'immobilier et la construction résidentielle, ce nouveau plan profite aussi aux marchés boursiers qui tablent sur une reprise économique plus dynamique et plus élargie pour améliorer la profitabilité des sociétés américaines qui est à peu près stagnante.

Ainsi, jeudi ce sont les titres des sociétés davantage sensibles à la croissance économique qui se sont appréciés à la Bourse de New York.

Alcoa, le plus grand producteur d'aluminium américain et Cliff Natural Ressources, le plus grand producteur de fer, ont réalisé des gains de 2,5% et 6,7%. Les banques ont aussi enregistré des gains importants.

Ben Bernanke a rendu jeudi un double service aux marchés boursiers. Il a mis en place des mesures de stimulation économique qu'ils espéraient et il a prolongé de six mois - jusqu'au milieu de 2015 - le «moratoire»durant lequel les conditions de crédit vont rester proches du niveau zéro.

Cela fait trois ans et demi que le taux directeur américain est gardé dans la fourchette de 0 à 0,25% et M. Bernanke a dit jeudi que ces conditions minimalistes allaient être maintenues durant deux ans encore.

Des taux d'intérêt qui commandent un rendement annuel quasiment nul forcent plus d'un épargnant-investisseur à chercher du rendement ailleurs et à prendre même le risque d'aller sur le marché des actions même si ce dernier est rendu à un niveau de cherté inquiétant.

Les nouvelles initiatives de la Fed ont d'ailleurs été chaudement accueillies jeudi par les Bourses américaines. Le Dow Jones, le S&P 500 et le Nasdaq ont fait des avancées respectives de 1,55%, 1,49% et 1,33%.

Malgré un contexte économique trouble et une baisse de la profitabilité des sociétés inscrites en Bourse, le Dow Jones a tout de même produit 22% de rendement au cours des 12 derniers mois, le S&P 500, 24,5%, et le Nasdaq, 26,5%.

Certains financiers bien en vue ont récemment annoncé la mort prochaine des marchés boursiers. Ma collègue Stéphanie Grammond a rapporté samedi les propos de Bill Gross, le fondateur de la firme PIMCO - important gestionnaire de fonds obligataires - qui affirme que le rendement historique de 6,6% (après inflation) qu'a généré la Bourse américaine ne se réalisera plus jamais.

Hier, l'indice S&P 500 a clôturé à son plus haut niveau depuis l'atteinte de son sommet de 1558 points en octobre 2007. Le portefeuille d'un investisseur qui n'aurait pas acheté ni vendu d'actions de l'indice S&P 500 depuis cinq ans n'aurait toujours pas retrouvé sa pleine valeur d'il y a cinq ans.

Son portefeuille n'aurait surtout produit aucun rendement au cours des cinq dernières années, ce qui donne raison à M. Gross.

Est-ce que la dernière initiative de Ben Bernanke va permettre la résurrection au moins temporaire des marchés? C'est ce que l'on souhaite à tous les investisseurs qui ont perdu ou qui sont sur le point de perdre la foi.