Nous avons été gâtés par nos lundis soir à la télé québécoise, cet automne. D'un côté, Feux a brillé à Radio-Canada. De l'autre, L'imposteur a mystifié ses fans à TVA. Deux téléséries de fort calibre, super originales, qui n'ont rien à envier aux productions américaines assemblées avec beaucoup plus d'argent.

C'est malheureusement le dernier tour de piste pour ces deux émissions, lundi à 21 h, avec la diffusion en simultané des ultimes chapitres. Oui, quelques imperfections ont retroussé dans ces deux oeuvres. Feux a piétiné en début de parcours alors que les personnages répétaient inlassablement les mêmes «lignes», tandis que chez L'imposteur, la posture d'effarouchement constant de Philippe (Marc-André Grondin) devenait lassante. Vous oublierez tout ça lundi soir.

La finale de Feux, le meilleur épisode de toute la saison et probablement la meilleure heure de télévision de l'année 2016, attache chacune des ficelles qui pendaient.

C'est un épisode compact, lourd, chargé du poids des secrets qui veulent s'échapper depuis tant d'années.

Contrairement à Apparences, dont la conclusion avait déçu certains fans, Feux culmine avec d'autres révélations qui vous surprendront encore. L'auteur Serge Boucher, qui maîtrise mieux que jamais les mécaniques du suspense, fait habilement monter la tension jusqu'à la dernière minute. Ça se confronte, ça se déchire, ça pleure, ça ravale, ça s'effondre et ça maintient, envers et contre tous, une façade impeccable.

Qui a allumé le fameux incendie? Qui a battu Jean Forget (Aliocha Schneider)? Est-ce que l'adultère de Claudine (Maude Guérin) et Marc (Alexandre Goyette) restera secret? Vous obtiendrez les réponses à chacune de ces interrogations. Et vous comprendrez mieux la relation pas nette qui unit Gisèle (Louise Turcot) à sa fille acariâtre Carole (Valérie Blais). De la maudite bonne télévision.

Feux a été conçue pour ne durer qu'une seule saison. Le producteur André Dupuy, de chez Amalga, me confirme cependant que Serge Boucher, qui a signé Aveux et Apparences, confectionne actuellement une toute nouvelle télésérie. Très très hâte d'en connaître les détails.

L'imposteur a aussi gardé de gros rebondissements dans sa poche, dont un impliquant Gaïa (Sophie Desmarais) que je n'ai jamais vu venir.

Alors que l'on s'imagine que l'enquête sur Kaplan (Harry Standjofski) se boucle, boum, le récit change complètement de direction. Cette manière explosive de relancer les intrigues toutes les semaines a dû tirer beaucoup de jus au trio familial de scénaristes de L'imposteur, formé par Bernard Dansereau, sa femme Annie Piérard et leur fils Étienne. Mais c'est tellement payant et efficace que l'effort en valait la peine.

Lundi soir, la pugnacité du policier teigneux Bruno (Rabah Aït Ouyahia) menacera de court-circuiter les vies parallèles de Philippe et Youri. Il y a un cadavre à transporter, de l'héroïne à livrer, des morts inattendues et une alliance surprenante qui se noue avant le générique de fin.

C'est de vraiment bon augure pour la deuxième saison, dont les dix épisodes ont été commandés par TVA depuis un bon bout de temps déjà.

Plus de Valérie Blais, svp!

Le personnage de productrice télé sans classe ni filtre de Valérie Blais dans Les Simone est truculent. La semaine dernière, cette dame à la langue bien pendue a encore volé la vedette avec ses répliques piquantes, dont celle-ci à propos d'un nouveau spectacle à Las Vegas: «Je le sais, on n'en peut plus des shows de cirque avec des Chinoises qui se font tourner des assiettes sur la tête.»

Armée de sa vapoteuse, elle s'est surpassée au septième épisode en écorchant crûment les drames de vedettes, dont celui écrit par une «crisse de folle qui a perdu son père il y a dix ans et qui n'en reviendra jamais».

Karine Gonthier-Hyndman, qui campe Élizabeth, la grande soeur de Maxim (Anne-Élisabeth Bossé), est également formidable en chic mère banlieusarde semi-indigne, qui suggère même à son fils d'apprendre à imiter sa signature pour lui éviter d'avoir à parapher elle-même les communications officielles de l'école.

Les scènes de manucure, où Élizabeth débite les pires choses, figurent parmi les meilleurs moments des Simone.

J'aime bien Les Simone, mais cette comédie dramatique souffre d'un léger problème d'attachement. L'entourage des trois héroïnes s'avère, au bout du compte, plus intéressant que ce qui arrive dans les vies de Maxim, Laurence (Rachel Graton) et Nikki (Marie-Ève Perron). Ce qui n'est pas normal.

L'exaspérante histoire de Laurence tourne en rond. Ça fait combien d'épisodes que la chroniqueuse culturelle suspecte son copain William (David Giguère) d'adultère, qu'elle se morfond et s'enfonce dans le marasme? Il est temps que ça aboutisse. Et Nikki, la femme indépendante qui déchante, c'était hautement prévisible. Et un brin cliché.