Fin des années 90, début des années 2000, j'étais le reporter-pompier officiel de La Presse. Beaucoup trop motivé, je rentrais au journal entre 13 h et 14 h et le quittais autour de 1 h, une fois que la dernière édition papier partait sur les rotatives (oui, ça existait à l'époque).

Reporter-pompier, comme dans : j'éteignais tous les feux imaginables. Une fillette portée disparue dans Pointe-Saint-Charles ? Je cognais à la porte de la maman de Jolène Riendeau quelques minutes plus tard. La toile du toit du Stade olympique se déchire encore ? Super Hugo débarquait à la rescousse, calepin et magnétophone à cassettes à la main (oui, ça existait à l'époque).

Pendant toutes ces années à bosser de soir, j'ai appris à travailler de façon rapide, efficace et prudente, ce qui me sert encore énormément aujourd'hui, merci la vie.

Par contre, cet horaire de travail atypique a creusé un trou de quelques années dans ma culture télévisuelle. J'étais donc à peu près vierge, en excluant quelques expérimentations éclair et tâtonnements furtifs, de la série Gilmore Girls avant d'entamer le premier épisode, la semaine dernière. Verdict ? Whoa. Wow. Whoa.

Pourquoi personne ne m'a aiguillé vers ce bijou de culture pop avant que mon Netflix - que Dieu bénisse cette créature extraordinaire - ne me le suggère, quasiment par dépit ?

En quelques heures, je suis devenu complètement obsédé - le mot est faible - par la ville fictive de Stars Hollow au Connecticut, les immenses tasses de café, l'école privée Chilton, la méchante Paris (alias Bonnie dans How to Get Away With Murder), la chanson There She Goes et la harpiste sarcastique qui joue du Black Sabbath.

Où étais-je pendant que l'extraordinaire Lorelai Gilmore (attachante Lauren Graham) parlait trop vite après sa sixième tasse de café filtre ? Ah oui, c'est vrai. Je courais les incendies, les scènes de meurtre et les fusillades dans des épiceries de l'est de la ville.

Les 153 épisodes de Gilmore Girls, en français et en anglais, ont été versés sur Netflix à l'automne 2014. Gâtez-vous, c'est délicieux. Autre info réjouissante pour nous, les fans : Netflix ressuscitera la série sous forme de quatre superépisodes de 90 minutes, dont les titres seront Hiver, Printemps, Été et Automne. Aucune date de mise en ligne pour Gilmore Girls - Seasons n'a encore été confirmée.

Ce que l'on sait, c'est qu'à peu près tous les personnages des sept premières saisons de Gilmore Girls, diffusées entre 2000 et 2007, reviendront à Stars Hollow, même Logan, Jess, Dean, Paris et Michel, campé par l'acteur québécois Yanic Truesdale.

La seule qui a été écartée de la distribution est la cuisinière de l'auberge Sookie St. James, qu'a incarnée Melissa McCarthy avant de devenir une mégastar du cinéma grâce à des comédies comme Bridesmaids ou Spy.

Le meilleur de Gilmore Girls, ce sont ces dialogues rapides, précis, saccadés et intelligents, qui n'ont pas pris une ride en 15 ans. Sauf peut-être pour les références à Macy Gray, Saved by the Bell ou Flashdance, mais bon.

Cette manière de parler, quasiment sans respirer, est presque devenue la norme aujourd'hui en télévision. Avant Olivia Pope dans Scandal ou Meredith Grey dans Grey's Anatomy, il y a eu la charmante et très drôle Lorelai Gilmore. Ne l'oublions pas.

La relation entre la gaffeuse Lorelai, mère monoparentale caféinée de 32 ans, et sa fille studieuse Rory Gilmore, 16 ans, a redéfini le modèle traditionnel des rapports mère-fille. Qui est vraiment la maman et qui agit comme un enfant chez les Gilmore ? Ça change d'un épisode à l'autre. Tant qu'il y a de la tendresse entre elles, on a toujours le goût de s'asseoir à leur belle table vintage au resto de Luke. Café, s'il vous plaît ! Merci.

Normalement, je préfère découvrir de nouvelles téléséries plutôt que de fouiller dans du vieux stock. Si Netflix n'avait pas ajouté tout Gilmore Girls à son catalogue, je ne serais probablement jamais devenu le meilleur ami - dans ma tête - de Lorelai et de Rory.

Netflix a aussi provoqué une deuxième vague d'engouement pour Friends en rendant disponibles ses dix saisons l'an dernier. Plusieurs amis me rapportent que leurs adolescents bouffent des saisons entières de cette géniale sitcom américaine, qu'ils découvrent, pour la première fois, sur Netflix.

Entre eux, ils s'accolent même des étiquettes. Toi, t'es trop un Chandler. Non, je suis clairement Ross, allô ! Un peu comme leurs mères l'ont fait avec Sex and the City. Être une Samantha ou une Carrie, c'était plus cool qu'être une Miranda ou une Charlotte.

Mais être un ou une Gilmore, c'est encore mieux. Café, s'il vous plaît ! Merci.