Nous avons demandé à différentes personnalités ce qu’elles souhaitaient pour la nouvelle année. Aujourd’hui, les vœux de Carol Dubé.

Kwei Carol Dube nin, Manawan nipe otcin ni Atikamekw iriniwin.

Bonjour, je m’appelle Carol Dubé, je suis de la nation Atikamekw, je viens de Manawan.

Que pourrais-je donc souhaiter pour l’année qui s’en vient ? Bien sûr, la santé, pour tous, pour vous, vos proches, mes enfants… mais c’est peut-être ce que tout le monde va se souhaiter déjà. Et il y a encore tellement de maux dont ma communauté souffre, ma Nation aussi, alors il est parfois difficile d’être optimiste quand je pense à ce que je pourrais souhaiter pour la prochaine année.

Avec le début des séries au hockey vient la compétition historique des partisans des Bruins contre ceux des Canadiens. Et ça aussi, comme tellement de choses, me fait penser à Joyce, ma femme partie trop tôt, trop violemment.

Ce n’est pas un secret dans notre communauté : elle était une fan absolue des Canadiens de Montréal, alors que moi, je suis partisan des Bruins de Boston. Je vous laisse imaginer les taquineries qui s’installaient dans la maison lors des séries.

Évidemment, nous n’avons jamais été fâchés l’un contre l’autre pour cela, nous acceptions nos différences sur certains sujets, alors que d’autres aspects de nos vies nous rassemblaient. Tout ça, dans l’amour. Nous avions plusieurs points en commun malgré quelques différences ici et là. Nos différences nous permettaient aussi de ne pas nous morfondre dans une routine monotone. Nous sortions de notre zone de confort, pour parler, débattre et rire ensemble surtout.

C’est avec cette réflexion que je me dis que laisser la place dans la société à nos différences, ce n’est pas synonyme d’en enlever à d’autres, c’est plutôt s’accepter et comprendre que malgré nos différences, nous sommes capables de porter, ensemble, des projets communs. Je parle d’évolution, de changements sans précédent dans les relations entre Allochtones et Autochtones au Québec, un travail que nous devons faire maintenant pour que les prochaines générations puissent bénéficier de cette richesse.

En mai dernier, nous avons accepté une médaille pour honorer ma Joyce « pour l’héritage considérable qu’elle a légué à la société et à toutes les communautés autochtones ». Donc, il m’est finalement venu à l’idée de souhaiter pour l’année 2023 que cet héritage prenne forme.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Carol Dubé

Il faut que le Principe de Joyce soit adopté. Que ses enseignements survivent à son décès. Il faut que ceux qui ont le pouvoir d’adopter le Principe de Joyce lui donnent enfin vie pour que le Québec s’unisse avec force à mon rêve, et au rêve des communautés autochtones, de jouir du meilleur état de santé possible.

La voilà, la santé que je nous souhaite. Que le Principe de Joyce soit adopté, mais surtout que nous travaillions ensemble sur des projets communs pour respecter la vie et la terre dont nous dépendons tous et toutes. Il est temps de vivre ensemble en collaboration et dans le réel respect mutuel.

Comme Joyce l’aurait souhaité, agir ensemble et s’ouvrir sur tout ce qui est possible !

Cela étant dit, j’aimerais bien aussi que les Bruins de Boston gagnent cette année leur septième Coupe Stanley.

Bonne année à tous et à toutes.

La belle famille d’amour de Joyce Echaquan vous souhaite une bonne année 2023.