Six objets marquants de l’année 2021, selon notre équipe éditoriale

Le Code QR

On ne donnait pas cher du code QR (ou code à réponse rapide) avant la pandémie. Peu utilisé, ce format – qui peut être lu grâce à la caméra de notre téléphone cellulaire – a connu une explosion grâce à la COVID-19. Non seulement le code QR est-il utilisé pour le passeport vaccinal, mais il est également très pratique pour consulter le menu dans plusieurs restaurants ainsi que pour obtenir de l’information dans des musées ou autres endroits publics. Bref, 27 ans après son invention par un ingénieur japonais, ce code-barre a enfin trouvé toute sa pertinence.

— Nathalie Collard

Les autotests rapides

Comme un mirage, on nous les a fait miroiter pendant des mois. Alors que les pays européens utilisaient les autotests rapides depuis longtemps – dans certains pays, les enfants s’administrent leur test de dépistage le matin, à l’école ! –, le Canada était à la traîne. Deux semaines avant Noël, on commençait à peine à les distribuer dans les CPE et les écoles primaires du Québec alors qu’ils se faisaient toujours attendre pour le reste de la population. Résultat : à quelques jours du réveillon, l’autotest – dont la distribution a débuté dans les pharmacies autour du 20 décembre – est devenu l’objet le plus convoité de ce drôle de Noël 2021.

— Nathalie Collard

Les armes à feu

« C’est terrible. Je ne reconnais pas Montréal », a lancé François Legault à la mi-novembre dans la foulée de la mort d’un jeune de 16 ans tué dans le quartier Saint-Michel. Plusieurs meurtres médiatisés et de (trop) nombreuses fusillades ont contribué à faire grimper le sentiment d’insécurité. La métropole ne s’est pas transformée en zone de guerre, loin de là. Le nombre d’homicides n’a pas non plus battu des records. Mais 2021 fut l’année où le problème posé par la multiplication des armes à feu en circulation dans la métropole nous a sauté au visage. Tout comme l’importance de le prendre au sérieux.

— Alexandre Sirois

Les caméras

Si une image vaut mille mots, une vidéo peut valoir une vie. On l’a vu cette année avec la spectaculaire libération de Mamadi III Fara Camara qui a remis sous les projecteurs l’importance d’équiper les policiers de caméras corporelles comme la Ville de Montréal a promis de le faire d’ici 2022. Sans la caméra du ministère des Transports pour capter la scène, l’homme au nom prédestiné serait-il encore accusé de tentative de meurtre d’un policier ? Et sans les caméras des téléphones cellulaires, y aurait-il une enquête indépendante pour faire la lumière sur des interventions musclées de policiers de Québec ?

— Stéphanie Grammond

Les gants de boxe

La façon la plus convaincante de gagner un combat de boxe est de provoquer une commotion cérébrale doublée d’une perte de conscience chez l’adversaire – le fameux K.-O. Les scientifiques savent maintenant à quel point ces traumatismes hypothèquent le cerveau, mais le sport ne s’est jamais adapté. On a mesuré les tragiques effets de ce laxisme l’été dernier, quand la boxeuse mexicaine Jeanette Zacarias Zapata est morte sous les coups de la Québécoise Marie-Pier Houle. Elle avait 18 ans. Ce qu’on a appelé un « accident » était pourtant la conséquence prévisible d’un sport qu’il faudra bien se résoudre à faire évoluer.

— Philippe Mercure

La toilette chimique

Une toilette chimique est un endroit indigne pour mourir. C’est pourtant là que le sans-abri autochtone Raphael André a fini ses jours, le 17 janvier dernier. Un couvre-feu interdisait alors de se trouver dans les rues après 20 h, et tout porte à croire que M. André se cachait de la police. Son corps a été retrouvé le lendemain, inerte et gelé. Le milieu communautaire avait pourtant réclamé une exception au couvre-feu pour les sans-abri, mais le gouvernement Legault l’avait écartée. La mort de M. André a braqué les projecteurs sur la judiciarisation de l’itinérance, une choquante manière de punir la misère.

— Philippe Mercure