Le constat du très grand nombre de prescriptions de psychotropes chez la population des moins de 18 ans est, selon moi, alarmant. La conclusion que semblent en tirer certains acteurs du milieu est que la psychiatrie ne fait pas suffisamment partie du traitement des troubles dont souffrent les enfants et les adolescents.

Or on sait depuis longtemps qu'il manque de psychiatres au Québec. Les listes d'attente débordent tant dans les hôpitaux que dans les cliniques, et les médecins généralistes font ce qu'ils peuvent pour soulager la souffrance de nos jeunes.

Mais je me pose une question à répétition depuis les débuts de ma pratique comme psychologue dans les années 90, question qui continue de me hanter à la retraite, et que pas mal tous les psychologues se posent :

Comment se fait-il que nous, psychologues, ne fassions toujours pas davantage partie de la solution ?

Comme si seuls les médicaments pouvaient être amenés en renfort pour calmer la détresse, l'anxiété, les difficultés d'adaptation. Car l'arsenal du psychiatre c'est la pilule. Certes, il parle aussi avec ses patients, mais avec le peu de temps dont il dispose, ce spécialiste n'a pas le loisir d'aller au fond des choses et de donner un sens au mal qui ronge la personne qui le consulte, pas plus que l'omnipraticien.

UNE OREILLE ATTENTIVE

Un jeune qui souffre dans son âme a besoin d'être entendu par des personnes qui doivent d'abord gagner sa confiance. Ces personnes doivent être formées à poser des diagnostics, mais aussi à une écoute de haute qualité, être entrainées à suivre les bonnes pistes et à déterminer les réels besoins de cet être souffrant. Il serait aussi primordial d'investir dans les thérapies familiales. Elles ont toujours existé et sont offertes dans le réseau de la santé, mais leur accès est malheureusement beaucoup trop limité.

Où croit-on que nait le désespoir d'un enfant ? Je ne vous servirai pas la vieille blague de la feuille de chou. Oui, bien sûr, certains éléments de réponses se trouvent dans la biologie de son cerveau. Mais on sait aussi qu'il n'y a jamais de réponse simple et unidimensionnelle à cette question.

Le lieu où sa vie s'enracine, les personnes qui forment son milieu dès la naissance et qui entourent son développement dans ce qu'il a de plus intime, son cercle affectif ont une place prépondérante dans ce qui forge sa jeune histoire. Il est de première importance de se pencher sur toutes ces dimensions pour que cet enfant, cet adolescent, trouve une issue à son mal de vivre. Et tous les acteurs de sa vie doivent être mis à contribution. Pas seulement ceux qui signent des ordonnances.