Les biens produits dans les usines canadiennes ont trouvé plus facilement preneur en fin d'année.

On peut y voir le début de l'effet tant attendu de l'affaiblissement de notre monnaie face au billet vert.

On peut y voir aussi le gage que le secteur manufacturier prend enfin le relais des ressources et de la construction comme moteur de l'activité économique.

En fait, ce n'est pas si simple. Les données de décembre de l'Enquête sur les industries manufacturières font état d'une deuxième hausse mensuelle d'affilée de la valeur des ventes des usines canadiennes.

Exprimées en volumes, les ventes augmentent aussi de 2,4 % au cours des derniers mois de 2015, révèlent les données de Statistique Canada. Toutefois, comme elles avaient diminué au cours des deux mois précédents, les volumes trimestriels sont plus faibles qu'au cours de l'été.

En termes de production, les usines ont sans doute produit moins encore que les volumes de leurs ventes le suggèrent. Elles ont plutôt choisi de piger dans leurs stocks pour répondre en partie à la demande.

Les ventes ont été décevantes durant une grande partie de 2015, au point où l'année marque un premier recul depuis 2009, durant laquelle a sévi le gros de la dernière récession. Leur niveau reste toujours plus faible que celui du début de 2008.

Faute de débouchés suffisants l'an dernier, les usines ont accumulé des stocks qu'elles cherchent à réduire avant de relancer leur production.

Malheureusement, il peut s'écouler quelques mois encore avant que tout baigne.

La valeur des commandes en carnet a diminué, l'an dernier et décembre n'a pas fait exception. La valeur des nouvelles commandes a aussi reculé durant l'année et en décembre.

Les difficultés de l'industrie aéronautique y sont pour beaucoup.

Ce n'est pas la seule explication. Le secteur manufacturier américain est lui-même en récession. Il représente un maillon faible de l'économie américaine puisque les exportateurs sont très éprouvés par la force du billet vert. Les fabricants canadiens qui agissent comme fournisseurs de ces usines sont touchés, même si, en principe, ils doivent tirer profit de la force du billet vert face au huard.

Heureusement, les manufacturiers canadiens ne sont pas tous fournisseurs ou sous-traitants d'usines américaines. Malgré le recul des ventes canadiennes de biens manufacturiers l'an dernier, les fabricants du Québec, de l'Ontario et de la Nouvelle-Écosse sont parvenus à augmenter leurs chiffres d'affaires.

Pour le seul mois de décembre, les ventes sont en hausse dans sept provinces, dont le Québec avec un bond de 1,7 %.

Onze des vingt et un segments du secteur manufacturier québécois ont enregistré des hausses, les plus significatives étant les produits du bois, les métaux de première transformation et les produits chimiques. Dans le cas du bois, il s'agit du meilleur mois en neuf ans.

L'agence fédérale précise même que le chiffre d'affaires de la pétrochimie a augmenté au Québec, ce qui contraste avec celui des autres provinces. D'un océan à l'autre, la vente de produits du pétrole et du charbon a reculé de 2,4 % en décembre. Ce sixième repli d'affilée porte la chute annuelle à 21,9 %.

Dans ces conditions, on comprend que les manufacturiers albertains sont ceux qui ont connu l'année la plus difficile avec une chute de leurs ventes de 15,9 %. Cela touche à la fois la pétrochimie, mais aussi la fabrication des machines et du matériel requis pour l'exploitation des hydrocarbures.

Bref, il existe des signes que le raffermissement souhaité du secteur manufacturier est en cours. On les voit dans le bois, la chimie, la métallurgie, mais aussi dans l'automobile où la demande américaine reste soutenue. Pour d'autres segments, il faudra cependant attendre le redressement de la production des usines américaines.