Denis Coderre a « swigné » dans le beurre, mercredi.

Il ne l'a tout simplement pas vu venir, le refus d'Ottawa de subventionner un stade de baseball à Montréal. Comme si Justin Trudeau lui avait envoyé une balle courbe... alors qu'il s'attendait à une balle molle.

Première prise...

Il faut dire que le maire espérait ce financement fédéral. Il ne le dira pas publiquement, mais il souhaitait l'ajout d'un volet sportif au futur plan d'infrastructures. Il me l'avait confié en octobre dernier, lors de son bilan de mi-mandat.

« Je ne veux pas créer de fausse joie, m'avait-il dit, mais quand j'étais ministre des Sports, on avait ajouté un volet récréotouristique pour construire des arénas, des infrastructures de sports. Honnêtement, je ne suis pas rendu là. Mais en temps et lieu, s'il y a un tel volet [dans le plan fédéral], on va regarder toutes les avenues. »

Personnellement, dans le contexte actuel, je ne peux pas croire que le maire ait cru une seule seconde qu'Ottawa creuserait son déficit pour attirer une hypothétique équipe de balle à Montréal. Surtout après avoir abandonné le péage sur le pont Champlain.

Mais oui, manifestement, le maire y a cru. Comme il l'a confirmé, hier, après sa conférence de presse sur la politique de stationnement. À la seconde où on lui a demandé de réagir au scoop de La Presse, il a fait ce qu'il ne fait jamais : fuir les caméras.

« Je ne ferai pas d'autres commentaires, a-t-il lancé en ramassant ses affaires à la hâte. Merci, bonjour. »

Bon, on peut comprendre. Une première prise, c'est frustrant, surtout quand on a fait monter les attentes avant de se présenter au marbre.

Mais pas d'inquiétude, il y aura d'autres lancers. Peut-être plutôt tôt que tard, même.

J'ai parlé hier à l'ancien espoir des Braves d'Atlanta, Dominic Therrien. S'il y en a un qui compte profiter de la décision d'Ottawa, c'est bien lui. Il s'apprête à téléphoner au maire à ce propos, d'ailleurs.

Avocat spécialisé en immigration dans le milieu des affaires, il croit avoir trouvé LA façon de construire un stade sans argent public : faire payer les immigrants investisseurs.

« D'un côté, on a des multimillionnaires qui sont prêts à mettre beaucoup d'argent sur la table pour venir s'installer ici, résume-t-il. Et de l'autre, on a un gros besoin financier. Il suffit de relier les deux, comme l'ont fait les Nets de Brooklyn, par exemple. »

Le Québec accueille chaque année 1725 immigrants investisseurs, mais ils sont trois fois plus nombreux à frapper à la porte. Dominic Therrien suggère qu'on en invite 620 de plus par année, en échange d'un chèque de 275 000 $. En trois ans, on se paye un stade de 500 millions, condition sine qua non à l'obtention éventuelle d'une équipe.

L'idée est originale et mérite qu'on s'y attarde, car le retour des Expos, c'est un beau projet pour Montréal.

Je ne suis pas un fan fini de baseball, mais j'aime le positionnement que ça donnerait à la métropole. J'aime le message que ça enverrait, l'attention que ça attirerait. J'aime l'idée de construire un stade à ciel ouvert au bassin Peel, sur le tracé du futur train léger qui reliera le centre-ville à la Rive-Sud.

Mais pas question de se lancer dans un long débat politico-existentiel sur la participation du public à ce projet qui doit demeurer privé. Ce avec quoi Dominic Therrien est parfaitement d'accord, même si l'ancien troisième-but rêve plus que moi du retour de son sport à Montréal.

« Là, avec le refus d'Ottawa et celui de Québec, qui a dit essentiellement la même chose, mon projet devient vraiment intéressant ! Je vais mettre à jour mon projet et relancer Denis Coderre, qui avait bien réagi quand je le lui avais présenté l'an dernier. »

Voilà donc une balle que le maire peut voir venir, cette fois. Une balle qu'il a plus de chances de frapper.