Scandales au Sénat, débats endiablés sur la laïcité au Québec, frasques invraisemblables à Toronto, deux nouveaux chefs libéraux, début de grenouillage au Parti conservateur, collusion à gogo, et j'en passe et des meilleures! 2013, grosse année politique, que voici résumée en 10 personnalités ou institutions.

Mike Duffy, Nigel Wright, le Sénat

Qu'elle en a fait couler de l'encre, cette affaire d'allocations de logement frauduleusement touchées par le sénateur conservateur Mike Duffy, qu'il a dû rembourser, avant de recevoir une «aide amicale et spontanée» de 90 000 $ de l'ancien chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright. Le premier ministre est ébranlé, les partis de l'opposition ne lâchent pas le morceau, la GRC a le nez dans l'affaire, M. Duffy a été expulsé du caucus conservateur et privé de salaire au Sénat. Et ce n'est là qu'une des histoires ayant secoué le Sénat en 2013...

Jason Kenney

Vous auriez intérêt à vous familiariser avec ce nom parce que vous risquez de l'entendre plus souvent au cours des prochaines années. Ce jeune ministre ambitieux du gouvernement conservateur s'impose lentement mais sûrement comme le plus sérieux successeur éventuel de Stephen Harper. Au congrès conservateur, à Calgary, en novembre, il a été l'un des rares députés conservateurs à contredire la version défendue par son patron sur le rôle de Nigel Wright dans l'affaire Duffy. Sa sortie n'est pas passée inaperçue dans les rangs conservateurs.

Justin Trudeau

Élu chef du Parti libéral du Canada en avril, Justin Trudeau répétera-t-il les succès de son célèbre père.Pour le moment, la vague Trudeau le maintient en tête dans les intentions de vote, les finances de son parti se portent mieux, la marque libérale aussi et les publicités négatives des conservateurs semblent faire chou blanc. Trop tôt pour célébrer, mais 2013 aura été la meilleure année des libéraux au cours de la dernière décennie.

Bernard Drainville

Qu'on soit ou non d'accord avec le projet de Charte de la laïcité déposé à l'automne par le gouvernement Marois, il faut reconnaître que le «ministre de la Charte», Bernard Drainville, a un talent brut de communicateur. Calme, posé, le verbe précis sans être pédant, il a réussi, à en juger par le ton des débats notamment sur les réseaux sociaux, à imposer ses images (travailler pour l'État est un privilège, non un droit, accepter de retirer ses symboles religieux au travail, de 9 à 5, neutralité de l'État, etc.). Le prochain gros test viendra au printemps pour M. Drainville, mais 2013 lui aura permis de se démarquer à Québec.

Philippe Couillard

Philippe Couillard 2013 aura été une année en dents de scie pour Philippe Couillard. D'abord une campagne au leadership sans anicroches, la victoire décisive (comme prévu) au premier tour, une remontée dans les sondages. Puis un automne plus ardu, notamment à cause d'une perquisition de l'UPAC au QG du PLQ en juillet (gardée secrète pendant des mois par M. Couillard et son entourage), une visite d'agents de la SQ au domicile du chef et la fronde de Fatima Houda-Pepin dans le dossier de la Charte, en plus de quelques déclarations surprenantes. C'est le métier qui rentre.

Rob Ford

Par où commencer? Le crack? Ses fréquentations douteuses? Les mains baladeuses dans les soirées? Les beuveries et peut-être même des putes? Les menaces ou les vidéos complètement déjantées? Les mensonges à répétition, suivis d'aveux troublants, de déclarations outrageantes et d'excuses larmoyantes? La bataille à l'hôtel de ville et son émasculation politique par les élus? Et malgré tout cela, Rob Ford est toujours maire de Toronto en cette fin d'année 2013 rocambolesque!

Denis Coderre

Ceux qui connaissent Denis Coderre depuis longtemps savent qu'il n'est pas toujours délicat, mais à côté de son homologue torontois, il a des airs de gentleman. Et son style parfois un peu rude se décline, en ce début de mandat, en une forme de détermination entremêlée d'une petite dose assumée de 2.0 et de populisme. Hormis le grossier retour d'ascenseur à Philippe Schnobb, le maire Coderre a connu un bon départ à l'hôtel de ville. Il semble prêt et il fait les bons constats (comme la lourdeur de la structure municipale). Reste à voir les solutions, maintenant. 2012: la préparation. 2013: l'arrivée. 2014: les résultats? On se le souhaite tous.

Colette Roy-Laroche

Dès les premières heures après le drame, le 6 juillet au matin, on a vu apparaître sur nos écrans de télé une petite dame ébranlée, mais forte et très calme. Rien ni personne ne peut préparer un élu à vivre ce qu'a vécu la mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, depuis la catastrophe ferroviaire qui a dévasté sa ville. À une époque où les élus municipaux souffrent des turpitudes de quelques-uns de leurs collègues malhonnêtes et fourbes, la droiture et le dévouement de cette femme qui aurait sans doute préféré rester dans l'ombre sont tout simplement admirables.

Gilles Vaillancourt

Parti dans le déshonneur après avoir régné sans partage sur Laval pendant près d'un quart de siècle, Gilles Vaillancourt, accusé de gangstérisme, aurait pu rentrer sagement dans ses terres en attendant la suite des procédures. Que nenni! Cet incorrigible combinard a tenté secrètement de reprendre du service en offrant son aide à une candidate à sa succession! 2013 aura été l'année de la honte à Laval (ne pas oublier la sortie loufoque d'Alexandre Duplessis!), mais aussi celle, souhaitons-le, du renouveau.

La commission Charbonneau et l'UPAC

Téléréalité incontournable pour des milliers de téléspectateurs, la commission Charbonneau a abondamment meublé l'actualité politique cette année. La galerie de personnages s'est enrichie en 2013, notamment de quelques syndicalistes au langage cru et d'organisateurs politiques peu coopératifs. Au-delà du spectacle, la commission Charbonneau continue de découdre la courtepointe politico-mafieuse assemblée depuis des années au Québec. Sur le terrain, l'UPAC a connu, elle aussi, une année chargée. La chasse est ouverte et elle reprendra de plus belle en 2014.

Mention spéciale: Idle No More

Idle No More (finie l'inertie ou finie l'indifférence). Il y a un an, nous ne parlions que de ça. La chef Theresa Spence commençait une grève de la faim qui allait forcer la main du premier ministre Harper et remettre à l'ordre du jour les conditions de vie misérables de trop de communautés autochtones au Canada. On croyait que les médias sociaux allaient enfin permettre aux Premières Nations de se regrouper et d'unir leurs voix. Et puis, le mouvement s'est essoufflé et on est passé à autre chose, comme toujours lorsqu'il est question des autochtones. Nous sommes passés de l'enthousiasme d'Idle No More à... Idle Indeed.