Directeur général des Alouettes, Jim Popp a fait une profession de foi à l'endroit de Montréal, mardi, lorsqu'il a présenté l'entraîneur-chef Dan Hawkins et les adjoints qui composent le nouvel état-major de l'équipe.

«Les entraîneurs que nous embauchons, comme tous les joueurs que nous recrutons, doivent tenir à venir à Montréal», a répondu Popp à un collègue qui lui demandait pourquoi avoir une fois encore confié le club à un entraîneur-chef américain.

C'est bon à savoir.

Car à première vue, cette philosophie ne semble pas s'appliquer au directeur général. Bien que ses six enfants - trois filles et trois garçons - soient tous nés à Montréal, ils grandissent maintenant en Caroline du Nord, où Popp les a déménagés il y a deux ans. Et c'est dans l'État où il est né il y a près de 50 ans que Popp remplit son rôle de père et des grands pans de celui de DG des Alouettes.

«Votre question est légitime», a convenu Popp, avant d'imputer cette absence physique à la qualité de l'organisation qu'il a développée dès 1996 lorsque les Stallions de Baltimore sont devenus les Alouettes de Montréal.

«Il y a 17 ans, je devais être à Montréal, car j'avais les mains dans la pâte à tous les niveaux de l'organisation. Nous partions de zéro. Le fait que je puisse passer autant de temps loin de Montréal est attribuable à la grande qualité de tous les membres de notre personnel. Je n'ai plus à voir aux détails des opérations quotidiennes. Je peux donc me consacrer aux aspects plus larges de mon travail en matière de recrutement et de gestion. Et ce travail, je peux aussi bien le faire de Charlotte - où il vit avec sa famille - que d'un bureau à Montréal.»

Contrôle de qualité

Malgré son absence, Jim Popp assure qu'il est présent de coeur et d'esprit à Montréal 365 jours par année.

«Il y a bien des façons d'être présent, vous savez. Un gars peut être visible et ne rien accomplir. Peu importe où je me trouve, je peux faire 10, 20, 30 appels quotidiennement aux entraîneurs, préposés à l'équipe et soigneurs afin d'avoir le pouls de ce qui se passe et de donner mes directives, au besoin», a poursuivi Popp.

Avec un nouvel entraîneur-chef et une toute nouvelle équipe autour de Dan Hawkins, Jim Popp assure qu'il sera plus présent la saison prochaine. Il quittera toutefois le nid pour survoler les camps d'entraînement des équipes de la NFL en plus de se plier aux exigences du recrutement des joueurs collégiaux américains.

Il est clair que la qualité du travail de Jim Popp ne se mesure pas en minutes passées dans son bureau à Montréal ou le long des lignes de côté lors des matchs et des entraînements de son équipe.

La qualité du travail de Popp se mesure en joueurs qu'il déniche aux quatre coins de la planète football. En victoires. En championnats.

À ce chapitre, le bilan de Jim Popp est excellent.

Les Alouettes n'ont jamais raté les séries sous son règne. Le club s'est rendu huit fois en finale de la Coupe Grey. Il a soulevé le précieux trophée à trois reprises.

La tête à la NFL

Après avoir réalisé tout ce bilan, Popp a-t-il encore le feu sacré? Son détachement physique des deux dernières années est-il associé à un détachement sentimental alors qu'il est évident que Jim Popp aimerait passer de la Ligue canadienne à la grande NFL?

«Je n'ai jamais caché mon désir d'atteindre la NFL. Je crois d'ailleurs que cette ambition aide la cause des Alouettes, car ça me pousse à performer», a répliqué Popp.

Cette quête a-t-elle priorité sur celle de succès des oiseaux?

«Les Alouettes, de notre propriétaire Bob Wetenhall à nos partisans, peuvent compter sur mon entière et totale loyauté. Même durant les quelques semaines folles au cours desquelles j'ai obtenu des entrevues pour des jobs de DG dans la NFL, je n'ai jamais mis de côté mon travail à la tête des Alouettes. Mon but n'est pas d'atteindre la NFL. Mon but est d'être directeur général. Si c'est dans la NFL, tant mieux. Mais je ne laisserais pas ce que j'ai bâti ici pour un poste de second dans la NFL. Je peux vous l'assurer et l'assurer à nos partisans.»

Edmé convoité

La fierté de Popp, voire l'orgueil de celui qui préfère être premier dans la LCF plutôt que deuxième dans la NFL, est donc un gage de succès pour les Alouettes. Car à l'image de son quart-arrière Antony Calvillo, le DG est un rouage essentiel du club. Son départ, comme celui de Calvillo, aurait des conséquences néfastes. Désastreuses.

«Il n'y a personne d'irremplaçable», réplique Popp du tac au tac.

Je veux bien. Mais encore faudrait-il que les Alouettes comptent un successeur éventuel dans leurs rangs, ce qui n'est pas le cas.

Marcel Desjardins ayant accepté le défi imposant de relancer la LCF à Ottawa, et les anciens Pierre Vercheval et Matthieu Proulx ayant refusé l'offre de Jim Popp, qui se cherche un adjoint, laisse un vide à la droite du directeur général.

Un vide que Popp tient à combler. Idéalement, avec un Québécois francophone qui pourrait aider la cause des Alouettes, non seulement sur le plan du football, mais aussi sur celui de la visibilité, des relations publiques.

Popp a déjà un nom en tête. Celui de Jean-Marc Edmé, le seul adjoint de Dan Hawkins qui était avec les oiseaux l'an dernier. Edmé pourrait rapidement faire le saut au deuxième étage. S'il le désire.

Il faut être dévoué pour faire carrière dans le football de la LCF. Il faut être prêt à de gros sacrifices. Les heures de travail sont longues et les congés, très rares. Et les récompenses financières, modestes.

«Jean-Marc a étudié en administration sportive. Il s'est rendu aux quatre coins du Canada et des États-Unis pour parfaire sa formation. Je n'hésiterais pas une seconde à lui accorder le poste», a conclu Popp.

Il sera intéressant de voir si après avoir défilé tout ça, Jim Popp le lui proposera...