Hydro-Québec a amendé sa demande de hausse de tarifs pour 2013-2014, réclamant maintenant 3,3% plutôt que 2,9%. Cette modification résulte du budget Marceau. Celui-ci exige de la société d'État qu'elle réduise ses coûts, mais empêche la Régie de l'énergie de traduire cette diminution des dépenses en baisse de tarifs. Les bénéfices accrus devront plutôt être versés dans les coffres du gouvernement.

En soi, cette augmentation des tarifs d'Hydro n'a rien de scandaleux. Nous militons depuis des années dans cette page en faveur de hausses régulières. Une telle politique est souhaitable tant au point de vue des finances publiques qu'au point de vue de l'environnement. Ce qui choque ici, c'est l'hypocrisie du Parti québécois dans ce dossier. Après avoir gelé les tarifs d'électricité de 1998 à 2004, les péquistes, retournés dans l'opposition, ont dénoncé chaque hausse consentie à Hydro-Québec par la Régie de l'Énergie. Pendant la campagne électorale de 2008, Pauline Marois s'est engagée à geler les tarifs. Lorsque, dans son budget 2010-2011, le ministre des Finances, Raymond Bachand, a annoncé une augmentation du prix du bloc patrimonial, le PQ l'a matraqué.

Au cours de la plus récente campagne, les péquistes s'en sont une nouvelle fois pris à la politique des libéraux en cette matière. «Les Québécois ont été surtaxés par le gouvernement de Jean Charest depuis 2003 avec des hausses de tarifs excessives. C'est inacceptable. Les familles ont besoin d'oxygène», déclarait le futur ministre des Finances, Nicolas Marceau. «Les Québécois sont déjà assez taxés. Il est temps de les laisser respirer et de maintenir les tarifs à l'état actuel, comme nous le proposons», renchérissait son collègue, Bernard Drainville.

Or, le gouvernement Marois fait maintenant, par des moyens détournés, précisément ce que le PQ avait juré de ne pas faire. D'abord, sous le couvert d'une «annulation» de l'augmentation du prix du bloc patrimonial, il hausse bel et bien ce prix, quoique moins fortement que ce que prévoyait M. Bachand. Ensuite, par décret, il limite la capacité de la Régie de l'énergie de modérer les appétits tarifaires d'Hydro-Québec. Résultat, les tarifs augmenteront probablement de plus de 2% l'an prochain. D'autres augmentations suivront assurément.

Encore une fois, nous ne remettons pas en cause le bien-fondé de ces hausses. Nous déplorons le comportement de politiciens qui adoptent cette approche après avoir passé des années à la décrier.