Une spécialiste de la préparation à la retraite a porté plainte contre ma chronique du 2 juin «La RRQ à 60, 65 ou 70 ans?» où je préconisais au bout du compte de privilégier la rente tardive au lieu de la rente anticipée. Je visais les gens en bonne santé, dont la rente n'est pas vitale, financièrement s'entend.

Cette recommandation était tirée d'une étude réalisée par Nathalie Bachand, planificatrice financière chez Bachand Lafleur Groupe conseil, laquelle étude tenait compte des nouvelles mesures gouvernementales portant sur le Régime des rentes du Québec (RRQ). Ces mesures prévoient une réduction importante de la prestation de la RRQ acquise avant 65 ans (-7,2% par année précédant l'âge de 65 ans, soit une diminution jusqu'à 36% de la rente à partir de 60 ans) et une bonification majeure pour la rente acquise lors des années suivantes (8,4% par année, soit jusqu'à 42% à partir de 70 ans).

«J'anime depuis près de 13 ans des sessions de préparation à la retraite en entreprise où viennent des représentants de la RRQ informer les participants des particularités de leur rente de retraite à la RRQ», explique Lise-Michet Sickini.

Elle déconseille la rente tardive. Pourquoi?

«Le problème est que si un rentier attend de demander sa rente de la RRQ, toutes les années où il sera rentier, i.e. ne travaillera pas, seront comptabilisées comme des années à 0 par la RRQ, ce qui réduira d'autant sa rente. En effet, la rente est calculée à partir de la moyenne de toutes les années entre le 18e anniversaire du participant et le moment où sa rente est mise en paiement. À cela, la RRQ enlève 15% dans son calcul, ce qui peut représenter environ 6 années à 0).»

«Par exemple, si une personne arrêtait de travailler à 55 ans et ne demandait sa rente de la RRQ qu'à 70 ans, elle se retrouverait avec 15 années à ne pas avoir cotisé. Elle serait loin de recevoir une rente bonifiée de 42% comme le laisse supposer cette chronique.»

Conclusion de Mme Sickini: «Si vos lecteurs se fient à cet article, il y en a qui vont trouver la pilule pas mal amère quand ils vont être confrontés à la réalité.»

Autre son de cloche

J'ai demandé à la Régie des rentes du Québec jusqu'à quel point les rentiers optant pour la rente tardive risquaient de se retrouver perdants vu l'impact négatif des années sans revenus de travail sur le calcul de leurs prestations.

«Il est vrai que le report de la retraite peut affecter à la baisse le niveau de la rente si les nouveaux revenus de l'individu sont inférieurs à sa moyenne de ses gains de carrière», explique l'actuaire François Boulanger, du Service de l'évaluation de la RRQ.

«Toutefois, précise-t-il, l'impact varie grandement d'un individu à l'autre compte tenu de son historique de gains antérieurs. Par exemple, il est possible pour une personne qui a toujours travaillé de cumuler plus de six ans de gains nuls sans impact sur le niveau de sa rente.»

Autre facteur déterminant qui joue en faveur de la rente tardive, il faut également tenir compte que le maximum des gains admissibles (MGA) progresse plus rapidement que l'inflation.

Dans le pire des cas, ajoute M. Boulanger, la progression de la rente entre 60 et 61 ans est de 7,1%. Chaque année additionnelle accroît la période de cotisation sans ajouter à la somme des gains.

«Vous constaterez que la rente payable à 65 ans est quand même 34,2% plus élevée que la rente qui aurait été payable à 60 ans, affirme M. Boulanger. Ce cas ne représente qu'un très faible pourcentage des cotisants, souvent des retraités dans le début de la cinquantaine.»

Des précisions

Pour avoir l'heure la plus juste possible, chaque participant à la RRQ peut demander un relevé de participation. Ce document lui permettra de prendre connaissance de la rente acquise s'il cesse de travailler à 60 et 65 ans et la rente projetée s'il continue à travailler au même niveau de revenu.

Des outils de calcul (Simul-Retraite et Simul-R) des revenus de retraite sont disponibles sur le site internet de la RRQ: www.rrq.gouv.qc.ca

Aux fins du Régime des rentes du Québec, le conjoint est la personne avec qui vous êtes soit marié, soit uni civilement (en union civile), ou soit uni de fait (conjoint de fait). Est reconnue comme conjoint de fait la personne avec qui vous vivez maritalement depuis au moins trois ans. Dans le cas où il y a un enfant issu de l'union (né ou adopté), vous devez vivre ensemble depuis un an.

«Attention! Pour que votre conjoint de fait soit reconnu, vous ne devez pas être marié ou uni civilement à une autre personne», précise-t-on sur le site de la RRQ.