Madame est veuve depuis deux ans. Âgée de 65 ans, elle est aujourd'hui à la retraite. C'est son défunt mari qui s'occupait de leurs placements.

«Je ne connais pas beaucoup ce domaine. J'aimerais comprendre les relevés que je reçois et savoir si mes placements sont sûrs. Je suis un peu inquiète. Il est important pour moi de savoir que je suis «correcte» financièrement et si je peux dormir en paix.»

«Et je ne souhaite pas prendre de risques.»

Une mauvaise nouvelle l'attend, en matière de risques courus.

À la lumière de ses relevés, Madame détient deux portefeuilles dans une grande firme de courtage de plein exercice, soit un REER autogéré de 154 000$ et un CRI autogéré (compte de retraite immobilisé) de 67 000$.

Ce qui lui donne en date du 31 juillet dernier un actif global de 221 000$, dont 89 000$ en actions de grandes sociétés et 132 000$ en obligations gouvernementales et d'entreprises.

On parle donc ici d'un portefeuille renfermant 40% d'actions et 60% d'obligations. C'est donc un portefeuille que l'on peut qualifier de diversifié. Mais avec 40% d'actions, il va sans dire que c'est un portefeuille à risque relativement élevé.

Les deux portefeuilles ont été ouverts à l'automne 2007. Le capital investi à l'époque? Quelque 210 000$.

En l'espace de quatre ans, l'actif de Madame s'est donc apprécié de 11 000$, soit de 5%. Ce qui lui donne un rendement annualisé d'à peine 1,0% et des poussières l'an.

Mais lorsque Madame recevra son relevé du 31 août, elle constatera une baisse importante de la valeur de son portefeuille.

Selon nos calculs, la déconfiture boursière qui sévit depuis le début du mois d'août aurait fait fondre de 10 000$ la portion actions que Madame détient dans son REER et son CRI autogérés.

Ce qui vient effacer presque tous les gains qu'elle a accumulés au cours des quatre dernières années.

C'est le «prix» à payer ces temps-ci pour un portefeuille qui renferme une solide portion d'actions. Remarquez que ce genre de portefeuille réussira à se redresser lorsque la présente phase de correction cessera.

Pour une personne qui ne souhaite courir aucun risque, comme Madame, il va sans dire qu'elle ne détient pas un portefeuille approprié par rapport à son degré de tolérance aux risques.

Je ne comprends d'ailleurs absolument pas qu'une grande firme de courtage puisse laisser une néophyte «jouer» à la Bourse malgré sa totale méconnaissance boursière et son aversion aux risques.

Regardons de près les actions que Madame détient. Elle possède les titres américains Unitedhealth Group, AXA, General Electric, Johnson&Johnson, Proctor&Gamble. Côté canadien, on l'a fait investir dans Suncor, Financière Power, CN et les banques de Nouvelle-Écosse, Royale et TD.

Ce sont certes des titres de qualité. Le problème? La Bourse, c'est risqué par définition. Ça ne convient donc pas aux personnes qui ont zéro degré de tolérance aux risques, comme Madame.

Bien entendu, le moment m'apparaît présentement mal choisi pour liquider la portion actions du portefeuille. Il faut attendre que les marchés boursiers rebondissent. Les titres de qualité font généralement partie de ceux qui récupèrent leurs pertes le plus rapidement.

Cela dit, lorsque son portefeuille se sera redressé, Madame devrait demander à son conseiller de réduire graduellement son exposition aux actions.

Le problème: où investir les nouvelles liquidités? Il n'y a actuellement aucun placement sûr qui rapporte un rendement relativement intéressant, comme 4% ou un peu plus. Il lui faudra prendre son mal en patience d'ici à ce que les taux d'intérêt grimpent de façon marquée. Certainement pas avant 2013.

Quelle autre solution pour se donner la chance d'obtenir un rendement potable? Transférer la liquidité de l'éventuelle liquidation des actions dans l'achat de parts de fonds communs équilibrés. À l'instar des portefeuilles des caisses de retraite, les fonds équilibrés ne sont pas à l'abri des corrections à la baisse des marchés boursiers. Mais comme ils sont gérés par des gestionnaires de portefeuille professionnels, ils procurent à l'investisseur néophyte la chance d'obtenir un rendement potable. À long terme, bien entendu.

En date du 31 août dernier, un fonds équilibré renfermant par exemple 50% d'obligations (indice DEX univers), 25% d'actions canadiennes (S&P/TSX de Toronto) et 25% d'actions étrangères (indice MSCI Monde) rapportait un rendement annualisé de 5,0% sur 10 ans.

Ce n'est pas beaucoup... Mais sachez que pendant la même période, les Bourses étrangères, dont New York, n'ont, dans l'ensemble, rien rapporté à l'investisseur canadien!

Comme quoi, tout est relatif quand on parle de rendement.