« Ce budget nourrit l'espoir «, a dit hier la ministre des Finances dans son discours du budget. La phrase est belle mais il est peu probable que les Québécois soient plus optimistes à l'égard de la situation économique après avoir pris connaissance du contenu du budget. Le document ne comprend pas de spectaculaire plan de relance susceptible de frapper l'imagination.

Les mesures annoncées sont relativement modestes; François Legault n'a pas tort de parler d'un « mini-plan «. Cette modestie s'explique toutefois par trois facteurs inéluctables. D'abord, la capacité de l'État québécois de contrer une récession venue d'ailleurs est très limitée. Deuxièmement, le gouvernement du Québec a déjà mis en place un plan d'investissements en infrastructures de grande envergure; ces investissements totaliseront 6,4 milliards en 2009 et 2010. Enfin, le gouvernement du Québec n'a tout simplement pas les moyens de faire davantage. À l'impossible nul n'est tenu.

 

Toujours à la recherche d'argent frais, les médias et l'opposition déploreront le « saupoudrage «. Cependant, on a tort d'ignorer les mesures annoncées au cours des derniers mois. En tout, 15 milliards seront investis dans l'économie par le gouvernement et par ses partenaires publics et privés au cours des deux prochaines années. C'est un effort substantiel.

On aurait voulu faire plus que l'état des finances publiques ne le permettait pas. Même si les mesures visant la relance et l'aide aux travailleurs ne coûtent que 479 millions en deux ans au gouvernement, la baisse des revenus et l'augmentation des autres dépenses plongent Québec en position déficitaire, une position dont il mettra - au mieux - cinq ans à se sortir. Au mieux car il faudra, afin de revenir à l'équilibre, des efforts considérables.

Ramener la croissance des dépenses à 3,2% à compter de l'an prochain exigera des diminutions de dépenses dans la plupart des ministères. Mme Jérôme-Forget a aussi annoncé une hausse de la TVQ de 7,5% à 8,5% en 2011. Aussi impopulaires soient-elles, ces mesures ne suffiront pas. S'il veut repasser du rouge au noir, Québec devra trouver quelques milliards de plus; le gouvernement ne sait pas encore où. « On mange un éléphant une bouchée à la fois «, dit le sous-ministre des Finances, Jean Houde. Ça ne change rien à l'énormité de l'éléphant.

Le budget 2009-2010 annonce un virage historique en matière de tarification, virage qui suscitera la grogne mais qu'impose le bon sens: le gouvernement se dote d'une politique cohérente de tarification. De plus, les tarifs des services de l'État seront indexés à compter de 2011 sauf, promesse électorale oblige, les tarifs des CPE. Il est tout simplement illogique que, les coûts augmentant sans cesse, les citoyens paient le même prix année après année.

Cette mesure n'aura pas, à court terme, un impact financier important. Cependant, elle contribuera - du moins souhaitons-le - à une évolution de la culture des Québécois en ce qui a trait à l'utilisation et aux coûts des services publics.

Un tel changement de culture est essentiel. En effet, ce budget illustre à quel point les finances publiques du Québec sont vulnérables. Bien que nous sortions d'une longue période de prospérité, le premier choc économique a plongé la province dans un fossé déficitaire dont elle aura beaucoup de mal à se sortir.

Si, par malheur, la récession dure plus longtemps que prévu, le Québec pourrait frapper un mur aussi haut que celui heurté il y a une douzaine d'années... avec les conséquences que l'on sait.