L'histoire du jeune David Fortin, victime d'intimidation, nous touche tous. On imagine le cauchemar des parents, sans nouvelles de leur fils depuis plus d'une semaine. On compatit également avec la douleur quotidienne des dernières années: n'est-ce pas la crainte de tous les parents de voir son enfant rejeté par les autres, exclu, sans ami? L'adolescent de 14 ans, nous dit-on, vivait l'enfer pratiquement tous les jours, et ce, depuis l'école primaire. Comment a-t-on pu laisser la situation se détériorer à ce point?

Le drame qui frappe cette famille d'Alma aura cependant permis d'ouvrir les vannes et de laisser parler tout le monde: parents, victimes, enseignants, psychologues, etc.

 

On a ainsi appris que le silence demeure un des plus grands obstacles à la lutte contre l'intimidation dans les écoles.

Le silence des autres enfants, qui ont peur eux aussi, ou qui veulent absolument être du côté des plus forts. Celui des parents qui, parfois, n'osent pas se plaindre et interpeller le milieu scolaire. Enfin, le silence de certains enseignants qui ne prennent pas toujours la situation au sérieux ou qui ont peur, eux aussi, des représailles d'élèves agressifs.

Bref, dans chaque histoire d'intimidation, de la plus insignifiante à la plus dramatique, souffrance rime toujours avec silence et indifférence.

Bien sûr, l'intimidation existe depuis la nuit des temps. La cour de récréation, c'est la dure école de la vie. Il y aura toujours des enfants plus grands, plus forts, plus agressifs pour en terroriser d'autres, plus petits, différents, «bizarres».

Mais il y a une grande différence entre les taquineries et les moqueries occasionnelles dont peut être l'objet un enfant ou un adolescent et l'intimidation, la vraie. La menace constante, le harcèlement, la violence verbale et physique, c'est de cette intimidation-là qu'était victime le jeune David Fortin depuis son jeune âge.

Et c'est à ce type de comportement destructeur que s'attaquent les écoles, avec différents moyens. Certains fonctionnent, d'autres moins.

Il faut dire que la tâche n'est pas simple. On a beau mettre de la documentation à la disposition des parents et des enseignants, on peut bien lancer un slogan qu'on souhaiterait accrocheur (et dont les enfants finissent souvent par se moquer), il y a des dynamiques qu'on ne réussit tout simplement pas à briser.

Parmi les programmes qui auraient donné des résultats encourageants en Angleterre et aux États-Unis, il y a la méthode CAPSLE (Creating a peaceful school learning environment). L'approche repose sur le principe suivant: lorsqu'il y a intimidation, tout le monde joue un rôle, y compris les enseignants. L'idée est donc de bien comprendre les comportements et les réactions à l'oeuvre chez les «spectateurs passifs» afin de mieux les sensibiliser et de provoquer une réaction qui les incitera à intervenir et dénoncer la situation. En d'autres mots, on s'attaque à l'indifférence ambiante, un peu comme tente de le faire la Commission scolaire Marie-Victorin, qui vient de lancer un programme de lutte contre l'intimidation dans une dizaine d'écoles de Longueuil.

Dans tous les cas, ce qu'on souhaite, c'est que tout le monde se sente concerné.