Pour les voyageurs et les snowbirds qui sont sur les blocs de départ, l’ouverture de la frontière terrestre américaine, lundi, marque le retour à la vie normale. Enfin, presque normale. Car il reste une dernière barrière à lever : les tests moléculaires que le Canada continue d’exiger pour rentrer au pays.

Quand on sait qu’il faut payer entre 100 $ et 300 $ pour obtenir ce test, ça fait cher pour aller faire un tour à l’extérieur du pays, en particulier pour les familles qui doivent, en plus, suivre des règles très strictes d’isolement pour les enfants.

Ces tests qu’on a imposés au plus fort de la pandémie, pour ne pas importer des cas de COVID-19, sont de plus en plus difficiles à justifier, alors que la quatrième vague se calme et qu’on assouplit les mesures sanitaires à l’intérieur de nos frontières.

La semaine dernière, le gouvernement du Québec a justement donné encore un peu plus d’air aux citoyens. Finis les masques dans les écoles secondaires à partir du 15 novembre. On pourra aussi se déhancher sur les planchers de danse et pousser la chansonnette au karaoké. De plus, la consigne de télétravail est disparue, ce qui fait que les travailleurs réintégreront bientôt les bureaux.

Bref, on peut retrouver tranquillement nos bonnes vieilles habitudes, même si la COVID-19 restera parmi nous encore longtemps.

Et on peut recommencer à faire des plans de voyage, puisque le gouvernement du Canada a levé tout récemment son avertissement d’éviter tout voyage non essentiel pour les gens entièrement vaccinés (sauf les croisières).

Dans un tel contexte, il est paradoxal de garder nos frontières aussi hermétiques qu’un sas.

Dans le champ avec les courts séjours

Le gouvernement américain a déjà décidé qu’il ne serait pas nécessaire de présenter un test moléculaire (PCR) pour entrer aux États-Unis par voie terrestre. Alors, pourquoi continuer d’imposer ce test dans l’autre direction ?

Pour les courts séjours, cette règle est absurde. Voyez plutôt…

Le Canada exige un test négatif réalisé 72 heures avant l’arrivée au pays. Un voyageur qui va à l’étranger pour moins de trois jours peut donc revenir au bercail en présentant un test qu’il a subi au Canada, avant même son départ.

Si l’objectif est d’éviter qu’un Canadien rapporte la COVID-19 dans ses valises après un séjour à l’international, on est complètement dans le champ.

Alors, pourquoi ne pas faire passer le test directement à la douane, en rentrant au Canada, répliquez-vous ? Ce serait inutile, vous répondra un épidémiologiste.

La maladie met un certain temps à se développer. Si on vous tousse au visage et que vous attrapez la COVID-19 aujourd’hui, il faudra minimalement deux ou trois jours avant que la quantité de virus soit détectable.

Un test à votre retour au Canada après un week-end aux États-Unis sera donc certainement négatif, même si vous avez attrapé la COVID-19 là-bas.

D’une manière ou d’une autre, il est donc impossible d’intercepter les cas de COVID-19 pour les courts séjours à l’étranger. Les tests ne sont qu’une bureaucratie qui procure un faux sentiment de sécurité et qui coûte cher pour rien aux voyageurs.

La ceinture et les bretelles

Même pour les plus longs séjours, les tests n’interceptent pratiquement aucun cas. Les filets sont vides.

Plus précisément, le taux de positivité des tests de dépistage à la frontière était d’un infime 0,15 %, pour les gens entièrement vaccinés qui sont revenus au Canada à la mi-octobre. Même chez les gens qui sont partiellement ou pas du tout vaccinés, le taux de positivité n’est que de 0,49 %.

Tout ça pour ça ?

On sait que 84 % des Canadiens de 12 ans et plus sont entièrement vaccinés. Et au Québec, on se prépare à lancer un sprint de vaccination des enfants de 5 à 11 ans pour qu’ils aient une première dose avant Noël.

On sait aussi que le passeport vaccinal est maintenant obligatoire pour prendre l’avion, peu importe la destination.

Alors, exiger un test PCR en plus, c’est comme demander aux voyageurs de porter une ceinture et des bretelles en même temps.

Au début de la pandémie, alors qu’il n’existait pas de test, l’arrivée de voyageurs contaminés a joué un rôle important dans la pandémie. L’impact était grand, parce que la maladie était rare au Canada.

Mais maintenant que le virus circule dans la population, les cas relativement limités qui traverseraient la frontière si on éliminait les tests auraient un impact épidémiologique peu significatif.

Il était donc encourageant d’entendre, vendredi, la cheffe de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, dire qu’elle étudiait activement les règles entourant les frontières, avec un œil encore plus attentif pour les courts séjours.

Bien sûr, il faut se méfier d’un éventuel nouveau variant. Mais si on donne de l’air à l’intérieur du pays, on devrait aussi ouvrir les fenêtres vers l’extérieur.