La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Qu’est-ce qu’un choix ? Selon la définition du Robert, c’est la « décision par laquelle on donne la préférence à une chose, une possibilité en écartant les autres ». On évite alors d’écrire « j’ai deux choix ».

Faire son choix. Avoir le choix. Il n’a pas eu le choix. On lui laisse le choix suivant. Il n’a que deux possibilités. Examiner les différentes options possibles. Se retrouver devant deux options similaires.

La même confusion existe quant au mot alternative. « En français, le nom alternative désigne un ensemble de deux solutions, et non, comme en anglais, chacune des possibilités parmi lesquelles on peut choisir », explique l’Office québécois de la langue française. Répandu, l’emploi d’alternative en ce sens est critiqué par de nombreux ouvrages. Le mot désigne un ensemble de deux éventualités entre lesquelles il faut choisir et doit être employé au singulier, précise à ce sujet le Multidictionnaire de la langue française.

On est devant une alternative lorsqu’on a deux possibilités, deux options. Sa seule alternative était de présenter ses excuses ou de démissionner.

Pour remplacer alternative dans son sens fautif, on peut par exemple parler d’une solution de rechange, d’une solution de remplacement, d’une option, d’une (autre) possibilité, d’une voie, d’une issue. Choisir entre deux possibilités : partir ou rester.

Le mot dilemme (et non pas « dilemne ») peut aussi être employé dans certains contextes, même s’il n’a pas tout à fait le même sens qu’alternative. Il désigne « une situation difficile dans laquelle on doit choisir entre deux possibilités différentes, mais conduisant à un même résultat toujours regrettable », souligne le Multidictionnaire, qui précise que pour une alternative, le résultat peut être heureux ou malheureux.

Pour éviter la locution « n’avoir d’autre choix que », calquée sur l’anglais to have no choice but, on peut préférer des expressions comme être astreint, contraint, tenu de faire quelque chose, forcé, obligé, être dans l’obligation de, devoir, ne pouvoir que, ne pouvoir faire autrement que. Le ministre a été obligé de répliquer. Elle ne pouvait qu’obéir. Je n’ai pas pu faire autrement que d’y aller. Il a dû faire face à l’opposition. Être forcé de partir, forcé à s’en aller. Je n’ai pas d’autre possibilité que partir.

Drastique ou draconien ?

Beaucoup de gens confondent les adjectifs drastique et draconien. Pouvez-vous expliquer la différence entre les deux ?

Réponse

L’adjectif drastique employé comme synonyme de draconien, sous l’influence de l’anglais, a longtemps été condamné en ce sens. Cet emploi est encore déconseillé par certaines sources, qui le voient toujours comme un anglicisme.

Si on veut s’exprimer plus soigneusement, on pourra lui préférer draconien ou d’autres adjectifs comme énergique, contraignant, implacable, inflexible, impitoyable, radical, rigoureux, sévère ou strict.

C’est ce que l’on fait encore à La Presse, pour éviter de se faire reprocher une faute qui n’en est plus tout à fait une.

On devrait cependant se garder de reprendre ceux qui préfèrent drastique en leur disant que ce mot désigne uniquement un purgatif violent.

Certains ouvrages, comme le Larousse et le Robert, indiquent encore que l’adjectif, employé pour désigner ce qui est « d’une rigueur contraignante ; très rigoureux, draconien » vient de l’anglais, mais ce n’est pas le cas du dictionnaire de l’Académie française. On y lit simplement : « 2. Très rigoureux, très contraignant. » Un règlement drastique. Prendre des mesures drastiques contre la spéculation.

Le dictionnaire souligne aussi que l’adjectif draconien « ne se dit pas des personnes, mais seulement de leur attitude ou de leurs décisions ». Des lois, des mesures, des conditions draconiennes. Un contrat draconien. La remarque peut aussi s’appliquer à drastique.

L’outil Clés de la rédaction du Bureau de la traduction du gouvernement du Canada écrit : « Longtemps condamné comme anglicisme, l’adjectif drastique est aujourd’hui admis au sens de draconien, rigoureux, radical, énergique. »

Le dictionnaire Usito fait remarquer que « l’emploi de drastique en ce sens n’est généralement pas critiqué en France ».

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.